Devoir de Français

On n'attend pas l'avenir comme on attend un train: on le fait (Bernanos).

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« PLAN ADOPTÉ DANS LE DEVOIR I.

La construction de l'avenir A.

L'homme responsable de soi : contre la passivité B.

L'homme maître de son destin : la volonté C.

L'homme agent de son destin IL Les limites d'une telle conception A.

Les paramètres non maîtrisables : illusion de tout savoir B.

Les conditionnements : illusion de la liberté C.

Où la volonté s' exerce-t-elle ? DEVOIR RÉDIGÉ En toutes occasions, certaines personnes font appel aux services d'astrologues et autres spécialistes des sciences occultes afin d'apprendre de quoi sera fait leur lendemain.

Elles agissent exactement comme si le futur, tant individuel que collectif, était déjà écrit : la vie de l'homme ne serait alors que le parcours d'une route entièrement pavée.

Georges Bernanos s'insurge contre cette conception de l'existence et affirme: «On n'attend pas l'avenir comme on attend le train : on le fait.

» Derrière son ironie, cette phrase contient de la véhémence et pose l'homme au centre de sa vie, constituée par la série de ses choix. Pour Georges Bernanos, l'homme n'est pas l'instrument d'un destin qui se fait sans qu'il y participe.

Une attitude de passivité est scandaleuse : il n'existe pas de fatalité.

Ainsi un individu qui se prend à détester ce qu'il fait peut-il changer de métier : prenant des cours du soir, ou suivant une formation au sein de l'entreprise qui l'emploie, il apprendra de nouvelles techniques et acquerra de nouvelles compétences qui lui permettront de postuler comme il l'entend, pour un métier qui convient mieux à sa personnalité.

Celui qui reste là, sans rien faire, à se lamenter sur son sort ne changera jamais de condition, alors que c'est à lui, et à lui seul, de trouver les moyens de se satisfaire. Georges Bernanos s'insurge donc contre une certaine vision du temps : pour attendre l'avenir, il faudrait encore qu'il existe, de même qu'un train est un objet qui préexiste à son arrivée en gare.

Il n'en va pas de même pour l'avenir qui, non content d'être inconnu, n'a pas non plus de forme ou de contenu autres que ceux qu'on lui donne.

La sagesse populaire semble s'accorder avec les injonctions de notre auteur : « Aide-toi, le ciel t'aidera », dit-elle, ou encore « Les cailles ne tomberont pas toutes rôties ».

Ces adages invitent l'homme à prendre en main sa destinée. La volonté joue ici un rôle essentiel : rien ne peut s'accomplir sans elle.

Quand en 1936 le Front Populaire est arrivé au pouvoir, ce n'était pas un hasard ; mais même une fois Léon Blum à la tête du gouvernement, les ouvriers se mirent en grève pour faire entendre leurs revendications et prendre part au grand mouvement social qui devait transformer la France.

Sans doute, sans un tel soutien populaire, le Président du Conseil aurait eu beaucoup plus de mal à imposer la réduction du temps de travail et les congés payés, car le patronat et toutes les puissances de la finance comptaient bien étouffer les exigences du peuple.

Il arrive ainsi dans l'Histoire que des groupes prennent soudain conscience que leur avenir dépend d'eux et qu'ils ne sont pas entièrement à la merci des plus puissants qui prétendent penser pour eux.

Toutes les grandes révoltes participent de cet état d'esprit : l'action, violente ou non, succède toujours à une prise de conscience des forces en présence et renvoie à la volonté de l'homme.

Il suffit parfois de se battre contre l'oppression pour triompher d'elle : une fois encore, aucune fatalité ne pèse sur les individus s'ils ont la volonté de parvenir là où ils veulent.

On reconnaît là les théories militaires de Mao Tsé Toung : alors que son armée ne disposait pas d'armes ni même de soldats bien formés, que cette bande en fuite était de surcroît grosse de femmes, de vieillards et d'enfants, que les troupes nationalistes semblaient devoir triompher à tel point que l'Occident ne lui donnait aucune chance, le chef rédigeait des textes sur la nécessaire victoire de ses hommes, animés d'une volonté indestructible. Paradoxalement, l'homme fait également son destin, même s'il reste passif.

Refuser d'agir, c'est accepter que les autres prennent des décisions, c'est consentir : la fatalité n'intervient pas à ce niveau, mais l'homme délègue ses pouvoirs à autrui, qui fait l'avenir pour lui.

Il y a seulement une insigne lâcheté : l'individu croit pouvoir s'abriter derrière la volonté d'autrui pour justifier les éléments de sa vie qui ne lui plaisent pas.

On a vu qu'une telle attitude relève de la mauvaise foi.

Mais le paradoxe va encore plus loin, et le mythe d'Œdipe le prouve.

Après que l'oracle de Delphes lui a prédit qu'il tuerait son père et épouserait sa mère, le jeune homme, horrifié, quitte sans même leur dire adieu ceux qu'il prend pour ses parents véritables.

Comme il n'en est rien (car ses véritables parents, informés du même oracle, l'avaient exposé dans la montagne pour qu'il meure, ou du moins ne se trouve pas sur leur route), croyant fuir son destin, il va en réalité au devant de lui.

Ainsi, même si l'avenir est tracé quelque part (peut-être dans le grand rouleau de Jacques le Fataliste, de Diderot), l'homme doit encore accomplir ce qui est écrit. Quel que soit le prétexte que présente l'individu pour justifier sa passivité, raisonnements et explications ne sont donc que des alibis qui cachent de la paresse ou la faiblesse de la volonté. Néanmoins, n'est-il pas un peu présomptueux de croire que l'on est entièrement maître de son avenir ? En effet, bien des paramètres déterminent ce que sera le lendemain, et tout ne dépend pas de la volonté de l'homme. Il n'en faut pour preuve que le même mythe d'Œdipe : le héros qui croit pouvoir échapper à son destin et lutter contre lui fait tout en sorte de ne pas accomplir l'oracle.

Mais sa volonté n'est pas la plus forte.

Bien des données échappent donc au contrôle de l'homme, qu'il ne les voie pas ou qu'il n'ait pas prise sur elles.

Celui qui a choisi de se construire une vie familiale heureuse et met tout en œuvre pour y parvenir peut très bien voir sa femme et ses enfants lui être ravis par un accident de la route.

Tel autre voulait devenir Président de la République, mais il n'a pas prévu que son concurrent proposerait un programme qui conviendrait mieux aux aspirations des citoyens.

Sur le plan individuel, il est impossible de décider exactement non seulement des événements, mais encore des réactions qu'on. »

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