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Molière, Tartuffe, Acte V, scène 2

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Molière, Tartuffe, Acte V, scène 2 ORGON. Vous me feriez damner, ma mère. Je vous di Que j'ai vu de mes yeux un crime si hardi. MADAME PERNELLE. Les langues ont toujours du venin à répandre, Et rien n'est ici-bas qui s'en puisse défendre. ORGON. C'est tenir un propos de sens bien dépourvu. Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, Ce qui s'appelle vu : faut-il vous le rebattre Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ? MADAME PERNELLE. Mon Dieu, le plus souvent l'apparence déçoit : Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit. ORGON. J'enrage. MADAME PERNELLE. Aux faux soupçons la nature est sujette, Et c'est souvent à mal que le bien s'interprète. ORGON. Je dois interpréter à charitable soin Le désir d'embrasser ma femme ? MADAME PERNELLE. Il est besoin, Pour accuser les gens, d'avoir de justes causes ; Et vous deviez attendre à vous voir sûr des choses. ORGON. Hé, diantre ! le moyen de m'en assurer mieux ? Je devois donc, ma mère, attendre qu'à mes yeux Il eût... Vous me feriez dire quelque sottise. MADAME PERNELLE. Enfin d'un trop pur zèle on voit son âme éprise ; Et je ne puis du tout me mettre dans l'esprit Qu'il ait voulu tenter les choses que l'on dit.

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