Devoir de Français

Molière, Tartuffe, Acte IV, scène 5.

Extrait du document

Molière, Tartuffe, Acte IV, scène 5. TARTUFFE. C'est sans doute, Madame, une douceur extrême Que d'entendre ces mots d'une bouche qu'on aime : Leur miel dans tous mes sens fait couler à longs traits Une suavité qu'on ne goûta jamais. Le bonheur de vous plaire est ma suprême étude, Et mon coeur de vos voeux fait sa béatitude ; Mais ce coeur vous demande ici la liberté D'oser douter un peu de sa félicité. Je puis croire ces mots un artifice honnête Pour m'obliger à rompre un hymen qui s'apprête ; Et s'il faut librement m'expliquer avec vous, Je ne me fierai point à des propos si doux, Qu'un peu de vos faveurs, après quoi je soupire, Ne vienne m'assurer tout ce qu'ils m'ont pu dire, Et planter dans mon âme une constante foi Des charmantes bontés que vous avez pour moi. ELMIRE. Elle tousse pour avertir son mari. Quoi ? vous voulez aller avec cette vitesse, Et d'un coeur tout d'abord épuiser la tendresse ? On se tue à vous faire un aveu des plus doux ; Cependant ce n'est pas encore assez pour vous, Et l'on ne peut aller jusqu'à vous satisfaire, Qu'aux dernières faveurs on ne pousse l'affaire ? TARTUFFE. Moins on mérite un bien, moins on l'ose espérer. Nos voeux sur des discours ont peine à s'assurer. On soupçonne aisément un sort tout plein de gloire, Et l'on veut en jouir avant que de le croire. Pour moi, qui crois si peu mériter vos bontés, Je doute du bonheur de mes témérités ; Et je ne croirai rien, que vous n'ayez, Madame, Par des réalités su convaincre ma flamme.

Liens utiles