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Maurice ROLLINAT (1846-1903) (Recueil : Paysages et paysans) - La plaine

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Maurice ROLLINAT (1846-1903) (Recueil : Paysages et paysans) - La plaine Cette plaine sans un chemin Figure au fond de la vallée La solitude immaculée Vierge de tout passage humain. Presque nue, elle a du mystère, Une étrangeté qui provient De ses teintes d'aspect ancien Et de son grand silence austère. Une brise lourde, parfois, Y laissant sa longue traînée, Elle exhale l'odeur fanée Des vieux vergers et des vieux bois. L'effilé, le cataleptique De ses arbrisseaux, les vapeurs De son marécage en torpeur Lui donnent comme un air mystique. Dans le jour si pur qui trépasse, Entre ses horizons pieux, Elle est pour le coeur et les yeux Un sanctuaire de l'espace. Sous ces rameaux dormants et grêles On rêve d'évocations, De saintes apparitions, De rencontres surnaturelles. C'est pourquoi, deux légers oiseaux S'étant à l'improviste envolé des roseaux Et s'élevant tout droit vers la voûte éthérée, A mesure que leur point noir Monte, se perd, s'efface... on s'imagine voir Deux âmes regagnant leur demeure sacrée.

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