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Marie Desmares, dite la Champmeslé

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Marie Desmares, dite la Champmeslé 1642-1698 Lorsque deux ou trois siècles ont passé sur la gloire d'un acteur, il ne nous reste que des doutes, à nous, quant au talent tant vanté, ou bien la commodité d'y croire de confiance. Même les réputations de beauté, qui sont pourtant contingentes et trompeuses, se vérifient plus aisément : il y a toujours des portraits ! La Champmeslé fut-elle une grande tragédienne ? On peut au moins répondre que les témoignages favorables sont plus convaincants que les autres. Mais enfin, le vrai coup de chance de l'actrice ne fut pas là. Son nom n'aurait pas traversé deux cent cinquante années, si pendant quelque sept ans, Racine et elle n'avaient pas vécu un de ces attachements d'auteur à interprète, où les sentiments ne font pas toujours l'essentiel. On a tôt fait de parler d'amour ! Même à travers le temps, une grande affaire romanesque, un sentiment qui brûla et déchira deux vies, cela se reconnaît. Rien de tel entre Racine et la Champmeslé, semble-t-il. La petite actrice normande a survécu dans les mémoires, grâce à ce hasard : Racine se prit de goût pour elle (après l'avoir applaudie dans Hermione : c'est déjà la bonne mécanique théâtrale qu'il appréciait…) et c'est à côté d'elle — disons même "pour elle" — qu'il écrivit "Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie" et Phèdre. Mais pour ses contemporains, la Champmeslé fut tout aussi bien l'interprète idéale de Pradon, La Chapelle, Catherine Bernard, La Grange-Chancel, Longe-pierre, l'abbé Boyer ou La Fosse. Dans cette incertitude, choisissons donc de parier sur le talent, et gageons que la Champmeslé en était comblée.

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