Devoir de Français

Lord Byron

Extrait du document

Affligé à la naissance d'un pied-bot, Byron souffrit de cette malformation ; raillé par les autres enfants d'Harrow et rejeté par son premier amour, il se réfugia dans la composition de vers mélancoliques. Étudiant au Trinity College, où il avait accumulé un nombre considérable de dettes, il publia deux recueils de poèmes : Heures de loisir (1807) et Bardes anglais et critiques écossais (1808), et débuta une grande amitié avec Hobbhouse, qui le fera admettre dans le cercle libéral des whigs. Les deux amis effectuèrent un long voyage en Europe dans les années 1810. La Grèce et ses paysages de toute beauté lui inspirèrent son premier chef-d'œuvre, Le pèlerinage de Childe Harold, poème autobiographique sur le voyage, exprimant une vision originale sur le contraste poignant entre l'idéal romantique et la réalité. A la suite du succès de Childe Harold, le poète mena une vie émaillée de liaisons licencieuses, avant de se marier en 1815. Un an plus tard, il se sépara de sa femme, ruiné par une accusation d'inceste avec sa demi-sœur. Il quitta l'Angleterre après ce scandale et n'y revint jamais. Rejoignant son ami Hobbhouse, il passa quelques années heureuses en Italie où il prit fait et cause pour les pauvres gens et écrivit des ouvrages de plus en plus confus et mystiques, Don Juan et Caïn (1821). Libéral convaincu, Byron partit pour la Grèce en 1823, s'engager dans le combat de libération contre la domination turque. Il y mourut l'année suivante, terrassé par un mal fulgurant.

« Lord Byron Affligé à la naissance d'un pied-bot, Byron souffrit de cette malformation ; raillé par les autres enfants d'Harrow et rejeté par son premier amour, il se réfugia dans la composition de vers mélancoliques.

Étudiant au Trinity College, où il avait accumulé un nombre considérable de dettes, il publia deux recueils de poèmes : Heures de loisir (1807) et Bardes anglais et critiques écossais (1808), et débuta une grande amitié avec Hobbhouse, qui le fera admettre dans le cercle libéral des whigs.

Les deux amis effectuèrent un long voyage en Europe dans les années 1810.

La Grèce et ses paysages de toute beauté lui inspirèrent son premier chef-d'œuvre, Le pèlerinage de Childe Harold, poème autobiographique sur le voyage, exprimant une vision originale sur le contraste poignant entre l'idéal romantique et la réalité.

A la suite du succès de Childe Harold, le poète mena une vie émaillée de liaisons licencieuses, avant de se marier en 1815.

Un an plus tard, il se sépara de sa femme, ruiné par une accusation d'inceste avec sa demi-sœur.

Il quitta l'Angleterre après ce scandale et n'y revint jamais.

Rejoignant son ami Hobbhouse, il passa quelques années heureuses en Italie où il prit fait et cause pour les pauvres gens et écrivit des ouvrages de plus en plus confus et mystiques, Don Juan et Caïn (1821).

Libéral convaincu, Byron partit pour la Grèce en 1823, s'engager dans le combat de libération contre la domination turque.

Il y mourut l'année suivante, terrassé par un mal fulgurant. S'il est vrai que tout homme porte en soi, dès sa naissance, l'origine de ses malheurs, de son néant ou de sa gloire, il n'est nécessaire de chercher ailleurs l'explication du plus grand poète romantique anglais.

De ses ancêtres paternels, compagnons de Guillaume le Conquérant, George Gordon Byron tient son amour de l'aventure et du faste, son mépris des lois établies et peut-être son penchant immodéré pour la rêverie ; du côté maternel, par les Stuart, son goût des révolutions et du sang. Sans l'infirmité qui le marqua dès ses premiers pas, le sixième lord Byron fût-il cependant devenu rien d'autre qu'un coureur de mers et de cotillons ? Mais un enfant mortifié reçut des blessures dont il ne guérit jamais tout à fait et qui ouvrirent son âme à la douleur et à la méditation, et les débordements de toute cette vie ressemblent beaucoup à l'assouvissement d'une vengeance contre le ciel qui parut l'accabler, les garnements qui l'humilièrent et l'amazone qu'il aima et qui se moqua de lui.

Il n'acquit son adresse au tir que pour tenir les brutes en respect, il n'accomplit ses prouesses sportives que pour faire oublier sa claudication, et l'on dirait aussi que sa réputation de poète ne lui servit qu'à étreindre toutes les femmes qu'il désirait, et même celles qu'il ne désirait pas. Passion faite homme, il a, non sans une volonté de provocation, étonné et scandalisé l'Angleterre, moins par ses outrances d'étudiant buvant le brandy dans des crânes et par son régime alimentaire que par son culte pour la Révolution française et Bonaparte, ses violences de bête féroce, son inceste avec sa sœur Augusta et son baroque et tumultueux mariage.

Le torrent de son génie lyrique ne devait trouver d'échappée naturelle que dans la vaste étendue de la mer où cet infirme devenait un dauphin.

Ange déchu avant M.

de Lamartine, corsaire, misanthrope et beau ténébreux, il navigua entre le mystère, le drame, l'exaltation solaire et la déification de ses instincts.

Était-il dans le monde des vivants un étranger ? Ne pouvait-il exister sans aimer, ou plutôt avait-il surtout besoin de sentir ? Tout cela sans doute, tour à tour, comme s'il avait été aspiré par les abîmes du ciel et de l'enfer, autant que par les cyclones de notre planète.

Mais son amour gardé jusqu'à sa mort pour Augusta ne le sauve-t-il pas, jusque dans la malédiction, de tout ce qu'il a bafoué ? Si ses poèmes s'enlevèrent comme des romans à scandale, ce fut pourtant grâce au souffle nouveau qui faisait passer, sur les ruines des régimes et dans le décor d'une religiosité de pacotille, le débridement de l'amour et du désespoir, l'impudeur des vies baillées, l'appel du cœur qui, gagnait peu à peu comme une onde mélancolique et brûlante jusqu'aux îles brumeuses de Grande-Bretagne. Je ne prononce pas, Je n'écris pas, Je ne soupire pas ton nom.

n'a crime dans cet amour, Il y a douleur dans ce nom... Ce jeune lord, qui accomplit un pèlerinage à Waterloo pour se recueillir sur la défaite de Napoléon, franchit l'Hellespont à la nage pour sacrifier à un rite païen, comme il se jeta à la mer jusqu'à épuisement pour échapper au bûcher de la plage italienne où la dépouille de Shelley achevait de se consumer, et comme il boxa sauvagement pendant que le convoi funèbre de sa mère s'éloignait vers le cimetière. Que d'efforts, que de talent et de courage aussi gaspillés ! N'y avait-il donc rien, dans le monde d'alors, qui pût en mériter l'usage ? Fallait-il se battre si fort les flancs pour occuper les loisirs de son âme, et ce lointain héritier de chevaliers tombés à la croisade n'avait-il rien d'autre à faire que d'amuser la chronique vénitienne aux dépens des maris qu'il trompait ? Sa mort, pourtant, l'auréola, sans qu'il s'en doutât, d'une lumière inattendue.

Et cependant, cette fin n'est pas celle qu'il se préparait luimême en ne s'endormant jamais sans avoir à portée de sa main pistolets chargés et poignards, pour se garder des assassins moins que des cauchemars dont les clameurs déchiraient ses nuits.

Il aurait dû être massacré par les soldats qu'il avait licenciés, ou tué pendant un assaut, et c'est la fièvre qui l'abattit et le fit délirer dans le sirocco de Missolonghi, au moment même où les lettres d'Angleterre, arrivées sans qu'il eût le temps ni la force de les décacheter, lui annonçaient l'admiration et le pardon de son pays Non, ce n'était pas la mort qu'il avait rêvée (pour se racheter, pour donner un sens à ses révoltes ?) quand, luttant pour l'indépendance de la Grèce, il dessinait pour ses compagnons et pour lui-même des casques prétentieux surmontés de sa devise Crede Biron, et dignes de personnages de l'Iliade.

On est presque reconnaissant au ciel de l'avoir sauvé de la mascarade en faisant éclater, dès son dernier soupir, un orage si terrible qu'ainsi que le rapporte André Maurois qui reste son meilleur biographe croyant qu'une telle canonnade ne pouvait saluer que la chute d'un dieu, les soldats et les bergers se dirent : " Byron est mort...

" Du moins eut-il les funérailles qu'il eût choisies.

Le peuple grec qui voulait l'enterrer au Parthénon ou dans le temple de Thésée déposa sur le manteau noir qui recouvrait son cercueil une épée et une couronne de lauriers.

Le descendant des Stuart ne pouvait cette fois exiger mieux que ce retour, dans l'appareil des héros nationaux, vers l'abbaye où planera toujours l'ombre de la cruelle Mary Chaworth, débouchant à cheval, un matin d'été, des bois de Newstead, suivie d'un garçon de quinze ans éperdu d'amour pour elle.

Nous n'avons plus guère d'émotions à perdre avec Manfred ni avec Don Juan, ni même avec nos propres romantiques, mais il faut saluer ce poète qui ne pouvait toucher la terre que de la pointe des pieds et qui, malgré les rigides professeurs qu'il eut et son enfance passée dans le voisinage d'un cimetière, entre les rivages déchiquetés, les lacs et les pics d'Écosse, travailla, à sa façon, à libérer les cris de l'homme.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles