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L'oeuvre poétique de Leconte de Lisle

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Leconte de Lisle discipline par doctrine une sensibilité romantique. Il possède une âme impressionnable et douloureuse; mais une indomptable sauvagerie de caractère le rend hostile au lyrisme. « Il y a dans l'aveu public des angoisses du coeur et de ses voluptés non moins amères une vanité et une profanation gratuites » (Préface des Poèmes antiques). Il méprise trop la foule pour lui livrer en pâture ses émotions; et sa haine pour la vulgarité de la vie contemporaine l'éloigne des écrivains qui ont prétendu être des interprètes ou les guides de leur siècle. Il garde donc le secret de sa vie intérieure ou ne se confie qu'avec une réserve altière; il se détourne des problèmes sociaux; il cultive délibérément un pittoresque historique, archéologique ou exotique; il recommande même une poésie objective, qui emprunte à la Science ses méthodes et son idéal : « L'Art et la Science, longtemps séparés par suite des efforts divergents de l'intelligence, doivent tendre à s'unir étroitement, si ce n'est à se confondre. » Le poète conscient de sa dignité, doit s'adresser à une élite et lui offrir les fruits de ses méditations sereines.

« L'abus du lyrisme et la tendance à la facilité qui gâtent souvent les effusions romantiques ont suscité vers le milieu du siècle, une réaction.

Après Théophile Gautier, Leconte de Lisle veut restaurer l'art dans sa pureté et dans sa dignité.

Par sa réserve altière, il contribue à faire remonter la poésie sur le Parnasse, alors que Lamartine revendiquait comme un honneur de l'en avoir fait descendre.

Aussi est-il salué comme un maître par l'école dite parnassienne, qui se forme et définit sa doctrine en 1866.

Les trois recueils du Parnasse contemporain donnent de nombreux modèles d'une poésie scrupuleuse, dont Théodore de Banville fixe la technique dans son Petit Traité de versification française.

Vers la fin du siècle, José-Maria de Heredia réunit des sonnets en un recueil, Les Trophées, qui peut passer pour l'expression la plus achevée de l'art parnassien. Leconte de Lisle, né à la Réunion, se fixe à Paris en 1845 et lutte d'abord pour la démocratie socialiste; mais les événements le découragent.

Après 1851, détaché des préoccupations du siècle, il se réfugie dans un passé légendaire ou dans un rêve exotique, sans parvenir à vaincre son désespoir foncier; et il voue à l'art pur un labeur qui l'impose, comme le maître d'une nouvelle génération poétique. A La carrière poétique Le maitre du Parnasse L'INSULAIRE (1818-1845) Leconte de Lisle est le fils d'un ancien chirurgien militaire qui s'est installé comme planteur à la Réunion.

Il conservera toujours le souvenir des images exotiques et maritimes qu'il a contemplées pendant ses années d'enfance et d'adolescence.

En 1837, il se rend en France pour étudier le droit; il séjourne à Rennes et, déjà, fréquente les cercles littéraires.

Après un nouveau séjour dans l'île natale, il se fixe définitivement à Paris. LE FOURIÉRISTE (1845-1851) Vers 1845, Leconte de Lisle est un jeune homme ardent, qui s'enflamme pour les doctrines humanitaires.

Il collabore à La Phalange, journal fouriériste; et il publie des poèmes d'une inspiration généreuse, en particulier Niobé, où l'héroïne de la mythologie hellénique apparaît comme le symbole d'une Humanité asservie et souffrante, mais promise au bonheur de la liberté.

L'échec de la Révolution le déçoit; il se pénètre alors de l'idéal grec et de la sagesse hindoue, que contribue à lui révéler son ami Louis Ménard.

L'avènement du Second Empire brise définitivement ses espérances politiques. LE MAITRE DU PARNASSE (1851-1894) Leconte de Lisle se consacre désormais au culte de l'art et publie les Poèmes antiques, puis les Poèmes barbares. Pour vivre, il traduit des chefs-d'oeuvre de la littérature grecque, notamment L'Iliade et L'Odyssée.

Après 1870, il est nommé bibliothécaire du Sénat; et l'Académie l'élit en 1885 au fauteuil de Victor Hugo. LES POÈMES ANTIQUES (1852-1874) La première édition des Poèmes antiques, en 1852, comporte trente et une pièces, dont les plus anciennes sont de 1845.

Dans l'édition définitive, en 1874, prennent place vingt-cinq nouvelles pièces, toutes publiées déjà entre 1855 et 1862.

La plupart des poèmes sont inspirés par l'antiquité hindoue et grecque. Les poèmes de l'antiquité hindoue.

Leconte de Lisle a lu les traductions des grandes oeuvres hindoues par l'orientaliste Burnouf et connaît ainsi le Rig-Véda, recueil d'hymnes en l'honneur des anciens dieux; le Maha-Bharata et le Ramayana, qui sont les deux grandes épopées de l'Inde; le Bhagavata-Purana, suite de légendes consacrées à Bhagavat ou Visnou, l'un des trois dieux de la trinité hindoue.

Il ressent une grande sympathie pour ces religions et restitue l'atmosphère de cette civilisation en sept poèmes chargés d'un sens symbolique ou philosophique.

Le plus ample et le plus important de ces poèmes est Bhagavat, où il évoque les amères méditations de trois brahmanes, diversement déçus par la vie et également désireux de s'anéantir dans le sein du dieu : Puissé-je, ô Bhagavat, chassant le doute amer, M'ensevelir en toi comme on plonge en la mer Les poèmes de l'antiquité grecque.

Leconte de Lisle a étudié avec ferveur les légendes et les philosophies de la Grèce.

Selon lui, le christianisme, en détruisant un monde jeune, pur, harmonieux, a préparé les misères du temps présent.

Ses premiers poèmes grecs, très librement inspirés d'oeuvres antiques, expriment son idéal humain, qui est celui d'un autre âge et d'une autre civilisation; leur inspiration est, en général, à la fois historique et philosophique; les principaux sont, avec Niobé, Hélène, qui évoque en une succession de scènes dramatiques le conflit entre Troie et la Grèce, et Khirôn, où sont retracées les plus lointaines origines du monde hellénique.

Après 1852, l'art étant devenu la grande préoccupation du poète, le rêve grec devient un rêve de beauté plastique : Leconte de Lisle s'inspire, notamment, de Théocrite (Le Vase, L'Enfance d'Héraclès, Les Plaintes du Cyclope), adapte des odelettes attribuées à Anacréon (Odes anacréontiques, Médailles antiques) où, pénétrant dans le monde romain, transpose des poèmes d'Horace (Études latines). L'écroulement du rêve antique.

Pourtant, ce retour au passé ne console pas le poète.

Dans Dies irae, une pièce qu'il place à la fin du recueil en manière de conclusion, il constate la faillite historique du rêve hindou ainsi que du. »

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