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Leonid Maximovitch Leonov

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Leonid Maximovitch Leonov 1899-1990 Leonid Leonov est un des maîtres les plus originaux de la prose russe du XXe siècle. Ses romans sont de beaux objets, bien construits, d'une matière riche et pure. C'est l'exceptionnelle qualité du style qui, dès les premières œuvres de Leonov, a retenu l'attention de la critique, c'est elle qui séduit d'abord ses lecteurs. Vigoureuse, savoureuse, généreusement nourrie des sèves du terroir et du vieux langage, mais souple et claire, la prose de Leonov a un registre stylistique d'une rare étendue. Leonov sait faire parler juste le paysan inculte et le savant, le moine aussi bien que le militant révolutionnaire, l'officier de gendarmerie du temps des tsars ou le jeune étudiant. La première lecture de Leonov laisse l'impression paradoxale d'une œuvre très nationale, située, immédiatement rattachable à la tradition des Gogol, Dostoïevski, Ostrovski, Leskov ou Gorki ; mais en même temps, résolument audacieuse, moderne et novatrice. Les racines de Leonov et sa propre destinée éclairent cet apparent paradoxe. Le père de Leonov était un poète paysan autodidacte, assez réputé. Il fut arrêté en 1905 pour propagande révolutionnaire.

« Leonid Maximovitch Leonov 1899-1990 Leonid Leonov est un des maîtres les plus originaux de la prose russe du XXe siècle.

Ses romans sont de beaux objets, bien construits, d'une matière riche et pure. C'est l'exceptionnelle qualité du style qui, dès les premières oeuvres de Leonov, a retenu l'attention de la critique, c'est elle qui séduit d'abord ses lecteurs.

Vigoureuse, savoureuse, généreusement nourrie des sèves du terroir et du vieux langage, mais souple et claire, la prose de Leonov a un registre stylistique d'une rare étendue.

Leonov sait faire parler juste le paysan inculte et le savant, le moine aussi bien que le militant révolutionnaire, l'officier de gendarmerie du temps des tsars ou le jeune étudiant. La première lecture de Leonov laisse l'impression paradoxale d'une oeuvre très nationale, située, immédiatement rattachable à la tradition des Gogol, Dostoïevski, Ostrovski, Leskov ou Gorki ; mais en même temps, résolument audacieuse, moderne et novatrice. Les racines de Leonov et sa propre destinée éclairent cet apparent paradoxe.

Le père de Leonov était un poète paysan autodidacte, assez réputé.

Il fut arrêté en 1905 pour propagande révolutionnaire. Comme nombre d'écrivains de sa génération, Leonov, pendant la guerre civile, s'est engagé dans l'Armée Rouge.

C'est dans la presse de l'armée aussi que parurent ses premiers essais littéraires, en particulier une série de feuilletons satiriques en vers.

Puis on l'envoya faire des études supérieures dans la capitale. Bientôt il va consacrer sa vie entière à la littérature et désormais, dit Leonov, sa biographie est toute entière dans son oeuvre.

Ce sont d'abord des contes et des nouvelles à la manière délibérément diverse, de véritables expériences stylistiques dans le goût d'Hoffmann ou de Rémizov, dans le ton des chroniques mongoles ou de la poésie amoureuse persane, etc., qui le plus souvent relèvent de la "prose ornementale" ou de "l'imaginisme".

Il y a là aussi de brefs récits où le fantastique se mêle au réel comme dans Gogol ou Dostoïevski. C'est avec Les Blaireaux (Barsouki, 1924) que Leonov inaugure la série de ses grands romans et se fait connaître du plus large public. Dans cette histoire d'une émeute paysanne contre le pouvoir des Soviets, apparaissent quelques-unes des qualités dominantes de Leonov romancier : il prend pour sujet des problèmes brûlants de l'actualité sociale dans leur expression la plus aiguë, la plus dramatique, la plus tragique même ; évitant tout schématisme psychologique, il se passionne pour ce qu'il y a "d'incompréhensible" dans les hommes ; il s'efforce de déchiffrer les âmes ; c'est à une véritable quête que nous entraîne le romancier, nous faisant découvrir peu à peu la nature profonde des êtres, des idées, des choses. On a souvent parlé d'un symbolisme de Leonov.

En réalité, il s'agit pour Leonov d'atteindre au typique à travers l'occasionnel ou l'étrange, de mettre à nu l'idée du phénomène.

Or, c'est une démarche périlleuse : les personnages, les situations, les objets risquent de perdre leur individualité, l'inépuisable richesse du concret, et d'apparaître comme la forme sensible conventionnelle d'un principe abstrait.

Mais rien de tel chez Leonov.

Sa pensée est incarnée, nourrie de fine observation psychologique, réalisée dans une forme éminemment plastique. "L'écrivain contemporain, dit Leonov, passe dans une certaine mesure à la création collective.

Il appelle à y participer le lecteur luimême.

Il lui fournit le matériau pour sa fantaisie créatrice.

Et non à l'ancienne manière des symbolistes qui la réduisaient à la différence d'interprétation du symbole, mais en montrant réellement, avec efficience, des événements dans lesquels le lecteur établit lui-même des lois de développement et des lignes de force psychologiques." La langue de Leonov est une langue qui peint et qui chante.

La structure de ses romans est aussi, pourrait-on dire, à la fois "musicale" et "picturale".

Certains thèmes majeurs sont repris à travers de nombreuses variations dans des tonalités différentes.

Par exemple dans La Sott (1929), épopée de la construction d'une grande entreprise industrielle dans un coin perdu, le thème des éléments chaotiques, des forces spontanées et aveugles de la nature se retrouve dans les paysages, la psychologie des hommes et dans la trame même du récit. Des leitmotive métaphoriques viennent appuyer les intentions de l'auteur : l'eau et le brin d'herbe qui y flottent (dans La Forêt russe), la planète arrachée au soleil (dans Le Voleur), les cimes des montagnes (dans Skoutarevski), l'océan (dans La Route de l'Océan), etc. À la composition musicale se juxtapose une structure qui organise le roman comme une toile.

Leonov lui-même compare la composition de son roman Skoutarevski à celle des "Chasseurs" de Bruegel.

L'idée fondamentale du passage des intellectuels à la révolution est ainsi saisie comme une structure spatiale et une certaine qualité de la lumière ("le soleil luit au crépuscule, car le printemps humain se fait de l'intérieur"). La riche matière sociale, philosophique, humaine, linguistique des romans de Leonov est toujours remarquablement organisée.

Leonov est un excellent constructeur.

Malgré leur grande complexité, ses structures tiennent toujours d'un bloc.

Il joue avec une grande habileté du temps du récit, disposant sur le même plan présent et avenir (dans La Route de l'Océan), ou passé et présent (dans La Forêt russe).

Dans Le Voleur, on voit un romancier écrire le roman des événements au fur et à mesure qu'ils se déroulent ; l'auteur dévoile les batteries de l'art, ouvre grande la porte de son laboratoire, les personnages eux-mêmes critiquent l'oeuvre qui leur est lue chapitre par chapitre.

Ce système de miroirs opposés renvoyant l'image à l'infini permet à Leonov d'obtenir des effets extrêmement originaux et surprenants.

Observons que chaque chapitre du Voleur se termine "sur le même mot" : "soleil".

C'est dire la minutie avec laquelle Leonov élabore la composition.

Dans La Foret russe, il ne craint pas d'insérer dans le texte romanesque une conférence de quarante pages sur la science des forêts ! Et on n'a pas du tout envie de sauter le chapitre ! Mais si différentes que soient ses oeuvres par le moment historique et le milieu social évoqués, la couleur stylistique générale et la composition, elles ont cependant des caractères communs fortement marqués. Toutes, elles disent la transformation de la matière humaine sous l'influence de la révolution sociale, opposent dans un conflit violent l'homme de l'unité à l'homme de la désintégration, l'homme qui porte en lui l'avenir à l'homme en proie au passé.

La conquête par l'homme de son intégrité est victoire sur la mort, sur les forces élémentaires désordonnées et chaotiques ; constamment s'y affrontent une conception "petite bourgeoise" de l'existence et du bonheur, recroquevillée et stérilisante, et une voie largement "ouverte" sur la vie et la fraternité humaines. Rester soi-même tout en assimilant toutes les trouvailles formelles, se renouveler sans cesse, chercher dans toute la culture humaine son bien tout en restant profondément national, n'est-ce pas la marque des plus grands créateurs de ce temps ? L'oeuvre romanesque de Leonov avec ses personnages au langage fortement individualisé, sa composition très méditée, ses conflits tragiques, est vigoureusement dramatique.

Leonov a porté à la scène certains de ses romans, écrit pour le théâtre des oeuvres puissantes et originales d'Ountilovsk (1928) à L'Invasion (1942) et au Carrosse d'Or (1946-1952).

Mais c'est dans le roman qu'il déploie tous ses dons de merveilleux artiste du verbe.. »

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