Le scepticisme épicurien
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Le scepticisme épicurien
L'influence de Montaigne pénètre en profondeur un public discret de lettrés.
La génération de ses disciples — Mlle de
Gournay et surtout Charron dans son livre De la Sagesse (1601) — le fait connaître, non sans atténuer
passablement ses hardiesses.
L'heure n'est en effet ni à la tiédeur ni à la tolérance.
Les adeptes de l'esprit critique
appliqué sans restriction reçoivent le nom de libertins, appellation qui ne va pas sans faire courir des risques à ceux
qu'elle désigne : l'arrestation, l'emprisonnement, l'exécution pour impiété sont pratiqués au xvii.
siècle.
Vanini est
exécuté à Toulouse en 1619, Claude Le Petit en 1662 à Paris, Théophile de Viau est emprisonné de 1623 à 1625.
Le
libertin est aussi bien un grand seigneur provocateur et débauché, à qui Molière empruntera telle réplique ou telle
scène de Dom Juan, qu'un magistrat prudent jusqu'à l'hypocrisie comme La Mothe Le Vayer, dont les opinions se
dissimulent habilement dans ses écrits.
Moins habile, Cyrano de Bergerac vécut difficilement et mourut
accidentellement, peut-être des suites d'un attentat.
La libre pensée sceptique se reconnaît à un mode de vie imité
de Montaigne, qui reçoit le nom d'honnêteté.
Pratiqué avec ferveur il inspire les réflexions de Mitton, du chevalier de
Méré, qui sont les compagnons de Pascal.
Le courant épicurien trouve son théoricien avec Gassendi.
Ce savant chanoine, dont l'oeuvre est écrite en latin —
ce qui la met à l'abri des curiosités —, formule une critique radicale de tout dogmatisme.
Il affronte Descartes en
une polémique où il remet en cause l'évidence de base du cartésianisme.
Il pose le primat de la sensation, toute
connaissance intellectuelle n'étant qu'indirecte.
Les idées de Gassendi marquent Pascal, Molière et La Fontaine.
Elles
provoquent des débats tels ceux sur l'âme matérielle et l'âme des bêtes, que la pauvreté des données sur la biologie
du psychisme réduit seulement à des questions, mais posées avec acuité.
Saint-Évremond est à la fin du siècle le
meilleur représentant de l'ensemble des courants libertins, affranchi, érudit, mais loin de la grâce suprême de
Montaigne, qui n'était décidément pas dans le style, trop raide, du XVIIe siècle..
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