Le Livre de ma mère / Albert Cohen. – Gallimard.
Extrait du document
«
Amour de ma mère.
Jamais plus je n’aurai auprès de moi un être parfaitement bon.
Mais pourquoi les hommes sont-ils
méchants ? Que je suis étonné sur cette terre.
Pourquoi sont-ils si vite haineux, hargneux ? Pourquoi adorent-ils se
venger, dire vite du mal de vous, eux qui vont bientôt mourir, les pauvres ? Que cette horrible aventure des humains
qui arrivent sur cette terre, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, ne les rende pas bons, c’est incroyable.
Et
pourquoi vous répondent-ils si vite mal, d’une voix de cacatoès, si vous êtes doux avec eux, ce qui leur donne à
penser que vous êtes sans importance, c’est à dire sans danger ? Ce qui fait que des tendres doivent faire semblant
d’être méchants, pour qu’on leur fiche la paix, ou même, ce qui est tragique, pour qu’on les aime…
Le Livre de ma mère / Albert Cohen.
– Gallimard.
Introduction
Albert Cohen est un écrivain suisse d'expression française connu pour un cycle de romans contant la saga d'une famille
juive, les Solal.
Cette épopée qui décrit tour à tour l'ascension grandiose et la chute dans les bas-fonds des
personnages se caractérise par un style baroque, flamboyant.
Le Livre de ma mère, plus intimiste, évoque l'image
idéale de la mère opposée à un monde de laideur et de méchanceté.
Le style, très original, allie l'interrogation quasi
philosophique à la dérision.
L'écrivain dans une sorte de monologue intérieur chante le bonheur perdu de l'enfance, écrit
la difficulté des relations humaines et s'interroge sur la condition humaine.
I.
Le bonheur perdu.
Le texte dans le cadre d'un monologue intérieur avec des intonations fondamentales (interrogations, exclamations...)
variées oppose le bonheur connu auprès de la mère et le désespoir de l'adulte orphelin.
1.
La mère.
• Le titre et la tonalité de l'ouvrage font de la mère un personnage idéal que célèbre l'écrivain.
• Analyse de la première phrase : nominale, allitérations en [M], donne le ton du texte comme la dé d'un fragment
musical.
• Le rôle de la mère :
— Elle symbolise une perfection inégalable, le Bien absolu.
Exemple : « un être parfaitement bon » ; répétition au fil du
texte de la locution « jamais plus ».
— Elle représente l'amour, la protection.
Sans elle, l'écrivain est un orphelin, un de ces « tendres » que la vie et les
hommes rudoient.
Exemple : « Que je suis étonné sur cette terre.
»
« [...] dire vite du mal de vous.
»
« Qu'il y a peu d'humains et que soudain le monde est désert » (qui clôt le fragment).
2.
Le sommeil comme recours.
• Décrit comme l'enfance.
Exemple : « tandis que je dormirais comme un petit enfant que je ne serai jamais plus ».
Analyser le ton désespéré : le conditionnel de dormir et au contraire le futur du verbe être (le sommeil est rêvé et
impossible comme le retour à l'enfance, souligné par « jamais plus »).
• Décrit comme une petite mort (vieille idée philosophique).
— Comparaison explicite : « le sommeil a les avantages de la mort sans son petit inconvénient » (analyser l'emploi des
antonymes et l'ironie de l'épithète « petit »).
— La métaphore du lit comme un « agréable cercueil » (alliance de mots).
Exemple : « allons nous installer dans l'agréable cercueil ».
— Le ton faussement allègre de l'invitation : « Et si on allait...
Oui, allons dormir.
»
— L'alliance de termes : « affreusement dormir ».
• Fonction du sommeil : il procure le repos, l'oubli momentané de la laideur et de la méchanceté.
C'est un temps
d'innocence, une brève résurgence du bonheur perdu.
Transition
L'évocation de la mère et du bonheur perdu auprès d'elle fait ressortir par contraste la difficulté des relations
humaines.
II.
La difficulté des relations humaines.
1.
La méchanceté des hommes.
• C'est une constatation.
Si Cohen s'interroge sur les raisons de la méchanceté et y trouve des explications, le fait luimême n'est pas remis en cause.
• Richesse des termes péjoratifs, qualifiant les hommes : « méchants », « haineux », « hargneux ».
• Les défauts sont la haine, la vengeance, la calomnie, la volonté de puissance vis-à-vis des « tendres », des êtres
qu'on croit « sans importance »..
»
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