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«LE GÉNIE DU CHRISTIANISME» (1802) - François-René de Chateaubriand

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Le 18 mars 1802, jour de Pâques, le bourdon de Notre-Dame se mit à sonner pour une messe solennelle : descendus de voiture sur le parvis, les trois consuls furent accueillis par le nouvel archevêque, Mgr de Belloy, tandis que tonnaient les orgues. Quels changements survenus depuis les mesures de déchristianisation ordonnées par la Convention ! En juillet 1801, par un étonnant renversement de situation, la signature du concordat avait ouvert aux fidèles les portes des églises. Bonaparte jugeait, en effet, la religion indispensable à la paix sociale. La plupart des Français, jadis aussi hostiles au culte de la déesse Raison qu'à celui du décadi, retrouvèrent avec joie les traditions séculaires. Ils allaient être encouragés dans cette voie par la lecture du Génie du christianisme.

« «LE GÉNIE DU CHRISTIANISME» (1802) - François-René de Chateaubriand Le 18 mars 1802, jour de Pâques, le bourdon de Notre-Dame se mit à sonner pour une messe solennelle : descendus de voiture sur le parvis, les trois consuls furent accueillis par le nouvel archevêque, Mgr de Belloy, tandis que tonnaient les orgues.

Quels changements survenus depuis les mesures de déchristianisation ordonnées par la Convention ! En juillet 1801, par un étonnant renversement de situation, la signature du concordat avait ouvert aux fidèles les portes des églises.

Bonaparte jugeait, en effet, la religion indispensable à la paix sociale.

La plupart des Français, jadis aussi hostiles au culte de la déesse Raison qu'à celui du décadi, retrouvèrent avec joie les traditions séculaires.

Ils allaient être encouragés dans cette voie par la lecture du Génie du christianisme. A cette époque, François-René de Chateaubriand était peu connu en France.

Emigré à Londres peu avant la chute de la monarchie, il avait, en 1797, reçu la visite de son ami Fontanes, lequel lui avait parlé du renouveau religieux en train de s'ébaucher en France.

Le jeune Breton était alors assez détaché de la foi de son enfance, mais la nouvelle de la mort de sa mère le transforma brusquement.

«J'ai pleuré et j'ai cru», expliquera-t-il plus tard.

Il commença à rédiger un ouvrage qu'il comptait intituler alors De la religion chrétienne par rapport à la poésie.

Rentré en France sous le Consulat, il continua ses travaux.

Les cinq tomes du Génie du christianisme (ce fut le titre choisi) sortirent de presse quatre jours avant la messe à Notre-Dame. Le succès fut inouï, malgré l'aigreur de vieux voltairiens qui reprochaient à l'auteur la faiblesse de sa pensée, la naïveté de ses raisonnements.

Chateaubriand, en effet, parlait plus au coeur qu'à la raison.

Refusant de faire oeuvre de théologien, il démontrait avec lyrisme l'existence de Dieu par les merveilles de la création.

En des pages ferventes, il exaltait la grandeur de la religion, la beauté des cérémonies, la supériorité de la morale évangélique, la splendeur des oeuvres d'art inspirées par le christianisme.

Le «magicien» avait le don de subjuguer ses lecteurs par les magnifiques cadences de sa prose.

Il avait eu, d'autre part, l'adresse de louer, dans sa préface, l'homme puissant qui avait «tiré la France de l'abîme».

Dans une seconde édition, il s'adressa directement à Bonaparte : «On ne peut s'empêcher de reconnaître dans nos destinées la main de la Providence qui vous avait marqué de loin pour l'accomplissement de ses desseins prodigieux.» Le Premier Consul ne fut pas insensible à ces louanges.

La lune de miel entre le conquérant et l'écrivain allait durer jusqu'à l'exécution du duc d'Enghien. Chateaubriand mit en tête de son ouvrage cette phrase de Montesquieu : « Chose admirable ! La religion chrétienne, qui ne semble avoir d'objet que la félicité de l'autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci.

» Chateaubriand avait inclus René dans le livre, comme un épisode servant d'exemple à la suite du chapitre sur les passions.

Il fit de même avec Atala.

Ces deux livres seront par la suite publiés séparément. Conçue pour répondre aux critiques des philosophes du XVIIIe siècle, cette œuvre décrit les « beautés morales et poétiques » du christianisme et leurs influences sur la création artistique. L'éloge de la religion chrétienne Après le XVIIIe siècle et son esprit voltairien, la religion chrétienne et le clergé avaient mauvaise presse. Chateaubriand écrit Le Génie du christianisme afin de prouver, comme le laisse sous-entendre le sous-titre (Beautés de la religion chrétienne), que la religion est belle, utile, qu'elle inspire ce qui est noble, qu'elle rend plus humaine notre société.

Le livre comporte quatre parties.

Dans Dogmes et doctrines, l'auteur fait sa profession de foi et examine les fondements de la religion.

La deuxième partie, Poétique du christianisme, démontre la supériorité des œuvres d'inspiration chrétienne sur les œuvres dites païennes.

Beaux-arts et littérature permet à Chateaubriand d'examiner les beautés de l'art chrétien, spécialement l'art gothique.

Enfin la partie intitulée Culte est l'étude des manifestations extérieures de la religion. Une influence considérable Commencé en 1798, Le Génie du christianisme paraît en 1802, quelques jours seulement avant la signature du Concordat : l'œuvre venait à point pour réconcilier la France et le catholicisme.

De plus, Chateaubriand y soutenait, de façon très opportune, le programme de Bonaparte, ce qui lui valut un poste à l'ambassade de Rome.

Le succès fut immense et l'influence du Génie du christianisme considérable : ce livre permit la réhabilitation de l'architecture gothique, rappela un Moyen Age oublié aux historiens, renouvela la critique littéraire en attirant l'attention sur la beauté et non plus sur les simples critiques et mit au goût du jour, en poésie, la méditation philosophique et religieuse.

Sa description des passions inspira les romantiques et contribua largement au renouveau religieux du XIXe siècle. Cette œuvre nous apparaît souvent désordonnée et ne peut être mise sur le même plan que les théories d'autres défenseurs du catholicisme, tels que Bonald ou Joseph de Maistre.

Mais certains passages révèlent le génie poétique de l'auteur, à travers les évocations romantiques des passions de ce siècle.

Chateaubriand sera désormais considéré comme l'écrivain romantique par excellence, au visage tourmenté.. »

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