Le cartésianisme

« Le cartésianisme Le grand responsable du durcissement de la ligne galiléenne et le génie de l'esprit nouveau est « notre Descartes, né pour découvrir les erreurs de l'Antiquité, mais pour y substituer les siennes » (Voltaire, Treizième Lettre philosophique).

Après avoir construit, dans l'isolement, une oeuvre monumentale, Descartes acquiert, dès la seconde moitié du siècle, un prestige grandissant, qui en fait le rival triomphant d'Aristote comme père de la philosophie.

Il le doit surtout au fameux Discours de la méthode (1637), fondateur d'une logique inductive, génératrice de progrès, qui supplante le syllogisme, capable de faire découvrir uniquement ce qu'on sait déjà, et devenu pur jeu verbal. Descartes, en proposant comme but à l'homme de se rendre maître de la nature par une physique rigoureusement mathématisée, ouvre la carrière au prodigieux essor des sciences et des techniques, qui sont le tout de notre civilisation et son unique orgueil.

Par contre sa biologie mécaniste ne fait guère avancer la médecine et sa psychologie mécaniste, qu'il expose dans le Traité des passions de l'âme (1649), paraît pauvre et simpliste auprès des descriptions raciniennes. L'édifice cartésien apparaît comme un merveilleux et dangereux système, à la fois clarificateur et réducteur.

Au XVIIe siècle, où seule une petite élite d'esprits cultivés est cartésienne, le cartésianisme est brillant et fécond.

Il inspire les ouvrages théoriques de Port-Royal, la Grammaire générale et raisonnée, d'Arnauld et Lancelot (1660), la Logique, d'Arnauld et Nicole (1662).

Il est banni chez les jésuites, à l'esprit desquels cependant il convient parfaitement.

L'avancée scientifique considérable qu'il permet apparaît dans la Physique de Rohault (1671). L'opposition aussi tenace qu'irréductible de l'Université à son égard est caricaturée dans le bouffon Arrêt burlesque (1671) que Boileau compose, aidé de Bernier et de Racine.

Avec Malebranche enfin, le cartésianisme, qui inspire la Recherche de la vérité (1674), devient un spiritualisme extrême.

L'idée d'une divine perfection rationnelle, qui domine ses Traités de morale (1683), De l'amour de Dieu (1697), De la Nature et de la Grâce (1680), en identifiant Dieu à l'ordre, évoque le cauchemar du surhumain ou de l'inhumain, tout autant que le rêve idéaliste.. »