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L'ART DE CHATEAUBRIAND

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Il utilise pour son travail de création les matériaux les le plus divers. Ses récits et ses descriptions contiennent, à côté d'éléments véridiques et d'impressions vécues, beaucoup de détails empruntés à ses lectures ou tout simplement inventés. Il décrit les paysages d'Amérique et la vie des Indiens d'après les récits du voyageur anglais Carver, du naturaliste américain Bartram, des missionnaires français Charlevoix et Lafitau. Ses Mémoires doivent beaucoup aux cahiers de Mme de Chateaubriand. Si l'on confronte son Itinéraire avec la prosaïque relation laissée par son domestique Julien, on s'aperçoit qu'il brode constamment sur la réalité, qu'il la déforme, qu'il l'entremêle de fiction. Il n'a aucun respect pour la vérité authentique.

« L'ART DE CHATEAUBRIAND Il utilise pour son travail de création les matériaux les le plus divers.

Ses récits et ses descriptions contiennent, à côté d'éléments véridiques et d'impressions vécues, beaucoup de détails empruntés à ses lectures ou tout simplement inventés.

Il décrit les paysages d'Amérique et la vie des Indiens d'après les récits du voyageur anglais Carver, du naturaliste américain Bartram, des missionnaires français Charlevoix et Lafitau.

Ses Mémoires doivent beaucoup aux cahiers de Mme de Chateaubriand.

Si l'on confronte son Itinéraire avec la prosaïque relation laissée par son domestique Julien, on s'aperçoit qu'il brode constamment sur la réalité, qu'il la déforme, qu'il l'entremêle de fiction.

Il n'a aucun respect pour la vérité authentique.

Il préfère la vérité poétique et idéale.

Il accentue l'aspect noble des choses.

Il leur prête la somptuosité dont sa nature sensuelle a le goût.

Mais il garde un.

tel sens de la réalité vivante, une telle exigence de précision dans la couleur et dans la forme, qu'on ne saurait l'accuser d'artifice ou de mensonge.

Il compose harmonieusement ses tableaux, et si la couleur en est riche, le dessin presque toujours en est sobre.

S'il paraît avoir une prédilection pour les images éclatantes, il aime aussi ce qui est délicat.

Il n'excelle pas moins à évoquer un matin brumeux sur la plage du Lido que la végétation luxuriante des rives du Meschacébé. C'est un artiste très conscient, très scrupuleux.

« Cent et cent fois j'ai fait, défait et refait la même phrase », écritil à propos des Martyrs.

Il se corrige d'une édition à l'autre, tenant compte des avis et des critiques.

A le lire, on ne se doute pas de tout ce travail.

La poétique éloquence, la grâce souple ou la vigueur incisive de ses phrases paraissent être l'expression immédiate et naturelle du sentiment ou de la pensée.

Lorsqu'il ne se soucie que d'art pur, ses idées s'ordonnent d'elles-mêmes.

Dès qu'il veut démontrer, le style est moins agréable et la composition devient diffuse. Chez lui, tout n'est pas de même valeur.

Avouerons-nous, sans méconnaître les réelles beautés du Génie du christianisme, qu'il faut maintenant quelque courage pour lire ce livre dans son entier? Atala, Les Natahez ont pour nous des grâces désuètes.

Mais cette sorte de chant somptueux et triste où René conte son enfance rêveuse, garde toute sa valeur d'incantation, et les Mémoires, en plus de leur intérêt humain, nous offrent à foison des pages splendides, récits, descriptions, confidences, effusions lyriques.

Dans ces moments de haute inspiration, apparaît la prodigieuse richesse d'un style apte à exprimer toutes les émotions, toutes les nuances, tous les rêves, toute la beauté poétique ou familière de l'univers, et dont la caractéristique la plus constante est de parler à la sensibilité autant qu'à l'imagination.

Lorsque l'écrivain était encore jeune, Pauline de Beaumont, subjuguée par son talent, le définissait ainsi : « Il joue du clavecin sur toute mes fibres ».

Qu'eût-elle dit, si elle avait pu connaître les Mémoires? Il y a du vrai dans cette réflexion d'André Suarès : « Chateaubriand doit la gloire à des oeuvres toutes mortes aujourd'hui, que personne ne peut lire; et il ne vit que dans un livre admirable, que personne n'a lu de son vivant.

». »

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