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Jules Laforgue : « Désolations »

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Dans ces jours de grand vent où rage tout l'automne, Loin des nefs aux vitraux plaintifs, loin des concerts, Je m'en vais par les bois solennels et déserts, Chantant des vers d'adieu d'une voix monotone. Des vers, des vers d'adieu qui disent en rêvant Les spleens chastes du Christ et des grandes victimes, Aux chênes incompris échevelant leurs cimes Dans la plainte éternelle et les grands deuils du vent. Oh ! qu'il est éternel le vent dans les grands chênes ! C'est comme un hosannah de désolations Qui passe, puis s'apaise en lamentations Sans fin, dans des rumeurs de cascades lointaines, Si lointaines! Et moi, je ne veux pas savoir Que ces sabbats rageurs sont mon apothéose, Et que tous ces sanglots cherchent le coeur des choses, Et, ne le trouvant pas, hurlent leur désespoir, Mais qui m'aime? Seul, seul. O psaumes de rafales, Prenez-le donc mon coeur! et, plus haut que l'écho, Brisez ce violon du terrestre sanglot Dans vos déchaînements de clameurs triomphales !

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