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Jules BARBEY D'AUREVILLY (1807-1889) (Recueil : Poussières) - A Valognes

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Jules BARBEY D'AUREVILLY (1807-1889) (Recueil : Poussières) - A Valognes Ex imo. C'était dans la ville adorée, Sarcophage pour moi des premiers souvenirs, Où tout enfant j'avais, en mon âme enivrée, Rêvé ces bonheurs fous qui restent des désirs ! C'était là... qu'une après-midi, dans une rue, Dont un soleil d'août, de sa lumière drue, Frappait le blanc pavé désert, - qu'elle passa, Et qu'en moi, sur ses pas, tout mon coeur s'élança ! Elle passa, charmante à n'y pas croire, Car ils la disent laide ici, - stupide gent ! Tunique blanche au vent sur une robe noire, Elle était pour mes jeux comme un vase élégant, Incrusté d'ébène et d'ivoire ! Je la suivis... - Ton coeur ne t'a pas dit tout bas Que quelqu'un te suivait, innocente divine, Et mettait... mettait, pas pour pas, Sa botte où tombait ta bottine ?... Qui sait ? Dieu te sculpta peut-être pour l'amour, Ô svelte vase humain, élancé sur ta base ! Pourquoi donc n'es-tu pas, ô vase ! L'urne de ce coeur mort que tu fis battre un jour !

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