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Joseph de Maistre

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Joseph de Maistre 1753-1821 Traditionaliste et théoricien de la théocratie, ce magistrat savoyard a semé de fortes pages dans ses Considérations sur la France (1797) et ses livres. Du pape (1819) et De l'Église gallicane (1820). Son livre le plus célèbre, les Soirées de Saint-Pétersbourg, où sa justification du bourreau et de la guerre soulève de si vives indignations, ne parut qu'au lendemain de sa mort. Témoin et victime de la tourmente révolutionnaire, profondément impressionné par les excès auxquels elle donna lieu, Maistre a subi l’influence de la Révolution française dans le même sens que Bonald : sa doctrine s’est formée par opposition à la philosophie sociale et politique du XVIIIe siècle, dont elle combat avec violence l’apriorisme rationaliste, la prétention à construire ou à refaire la société et l’adhésion à la souveraineté populaire. Entre la pensée de Bonald et celle de Maistre, deux différences : alors qu’il y a une teinte de gallicanisme chez Bonald, le traditionalisme de Maistre, farouchement ultramontain, suppose, outre la restauration de la religion et de la monarchie, celle de la papauté dont la souveraineté est à ces yeux infaillible et absolue. D’autre part, plus sensible que Bonald à l’influence de Montesquieu et des considérations de L’Esprit des lois sur l’adaptation des institutions à "l’esprit général" de chaque nation, Maistre manifeste une conscience plus grande de la relativité des structures politiques et de la diversité des milieux.

« Joseph de Maistre 1753-1821 Traditionaliste et théoricien de la théocratie, ce magistrat savoyard a semé de fortes pages dans ses Considérations sur la France (1797) et ses livres.

Du pape (1819) et De l'Église gallicane (1820).

Son livre le plus célèbre, les Soirées de Saint-Pétersbourg, où sa justification du bourreau et de la guerre soulève de si vives indignations, ne parut qu'au lendemain de sa mort. Témoin et victime de la tourmente révolutionnaire, profondément impressionné par les excès auxquels elle donna lieu, Maistre a subi l'influence de la Révolution française dans le même sens que Bonald : sa doctrine s'est formée par opposition à la philosophie sociale et politique du XVIIIe siècle, dont elle combat avec violence l'apriorisme rationaliste, la prétention à construire ou à refaire la société et l'adhésion à la souveraineté populaire.

Entre la pensée de Bonald et celle de Maistre, deux différences : alors qu'il y a une teinte de gallicanisme chez Bonald, le traditionalisme de Maistre, farouchement ultramontain, suppose, outre la restauration de la religion et de la monarchie, celle de la papauté dont la souveraineté est à ces yeux infaillible et absolue.

D'autre part, plus sensible que Bonald à l'influence de Montesquieu et des considérations de L'Esprit des lois sur l'adaptation des institutions à "l'esprit général" de chaque nation, Maistre manifeste une conscience plus grande de la relativité des structures politiques et de la diversité des milieux.

A ces différences près, sa doctrine de l'ordre s'appuie sur la même méthode et a les mêmes prolongements politiques que celle de Bonald.

Méthode historique, expérimentale, qui doit constituer, à l'exclusion de toute autre méthode, une science et un art politique valables : en dénonçant la faiblesse de la raison théorique dans la philosophie politique du XVIIIe siècle, Maistre entend montrer que les réalités historiques sont seules sources de vérité : "L'histoire est la politique expérimentale, c'est-à-dire la seule bonne." Et c'est au nom de la seule efficience de la méthode historique en politique que Maistre s'élève contre la théorie de l'état de nature et du contrat social.

La société n'est pas une association, produit de la volonté humaine, mais une "agrégation autour d'un centre commun", ce centre commun étant le souverain, produit de l'évolution naturelle.

A la théorie de l'homme naturellement bon de Rousseau, Maistre oppose la conception chrétienne de l'homme perverti par le péché originel ; c'est parce que "l'homme naît mauvais dans une partie de son essence" que des rivalités naissent et que s'impose la nécessité du gouvernement.

Comme Hobbes, Maistre pense qu'il existe un état de guerre entre les hommes.

Mais si la souveraineté est la conséquence inéluctable de la nature humaine, l'état de guerre est l'effet d'une grande loi du monde spirituel.

Aussi bien la guerre a-t-elle un caractère divin dans ses causes et dans ses conséquences morales : Maistre oppose à la paix perpétuelle, annoncée au XVIIIe siècle, le sentiment très vif d'une nécessité naturelle liée au mal radical de l'humanité coupable.

Doctrine du "gouvernement temporel de la Providence", la théorie mystique de Maistre admet cependant des limites humaines au pouvoir : si la souveraineté est fondée sur un consentement des hommes, ce n'est qu'autant que le peuple consent à obéir comme instrument à la volonté surnaturelle.

Dès lors est légitime n'importe quelle forme de gouvernement à condition que le pouvoir, défenseur des réalités nationales issues, comme la société, de l'évolution naturelle, soit fort et stable : la société est l'intermédiaire qui donne aux hommes la parole, mais c'est l'État qui parle en toute souveraineté au nom des hommes. D'où la doctrine de l'ordre, seul soutien des institutions établies.

"Ce sont les abus qui font les révolutions, mais les abus valent infiniment mieux que les révolutions." D'où enfin le système théocratique, qui entend déléguer au pape, souverain absolu et infaillible, le pouvoir de délier les sujets, en cas d'arbitraire, du serment d'obéissance envers leur souverain ; détenteur d'un pouvoir d'origine divine, le pape doit assurer l'ordre parmi les souverains, comme ceux-ci ont mission de maintenir les traditions et les institutions à l'abri du désordre.

En se proposant de restaurer la valeur absolue de l'histoire, de la tradition, de la souveraineté de droit divin, la doctrine de Maistre apparaît comme une pure réaction contre l'idéologie révolutionnaire du XVIIIe siècle.. »

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