JOACHIM DU BELLAY
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Plus modeste que Ronsard et aussi plus mélancolique, du Bellay n'a guère obtenu que le rang de grand second dans la poésie du XVIe siècle, bien que son oeuvre soit parmi les plus réfléchies.
Du premier manifeste au retour d'Italie
Très tôt orphelin et pauvre, du Bellay ne poursuivra que des études négligées bien qu'il soit d'une famille noble. Il passe sa jeunesse près de Liré en Anjou avant de faire des études de droit à Poitiers, où il connaît Muret, Macrin et Peletier. Il composerait alors ses premières poésies latines et françaises, et rencontre par hasard Ronsard, qui le convainc d'aller à Paris au collège de Coqueret. Joachim perfectionne ses études latines mais s'intéresse plus aux italiens qu'aux grecs, et reste distant à l'égard du maître Dorat. Membre de la « Brigade », il s'oppose déjà à l'invasion mythologique, « fable moisie », et à la manie du latin. Il publie vite ses premières oeuvres : en 1549, Cinquante sonnets à la louange d'Olive, un Recueil de poésie, des Vers lyriques et la Defense et Illustration de la langue française. Le recueil est dédié à Marguerite de France qui encourage les débuts du groupe, plus que ne le fait le roi Henri II son frère. La Défense exprime un nationalisme exacerbé et non une doctrine ferme ou un art poétique : il y manque la partie rhétorique. Les divergences s'expriment à l'égard de Ronsard (question de la mythologie), de Baïf (trop « docte, doctieur et doctime »), et de Peletier, auquel il préfère Meigret dans la querelle sur l'orthographe. À cela s'ajoutent les attaques suscitées par la Defense, dont celles de Sébillet et de Barthélemy Aneau. Il y répond par une seconde édition, très augmentée, de l'Olive, et par la Musagnaeomachie (« Combat des Muses contre l'ignorance ») où la doctrine de la « fureur » est modifiée par l'idée d'une chaleur dispensée par l'intermédiaire des humeurs (1550). Puis survient l'épreuve d'une grave maladie qui le rend sourd. Il traduit alors le IVe Livre de l'Énéide en décasyllabes épiques, écrit des Inventions où s'expriment les influences subies par Saturne, et la « Complainte du désespéré » remplie d'un sentiment d'abandon. En 1552, sa muse redevient religieuse avec l' Hercule Chrétien et les Treize sonnets de l'honnête amour, qui témoignent d'une pureté et d'une élévation spirituelle sincères. La critique des amants qui prétendent être maltraités par l'amour s'étend à la mise en question des procédés pétrarquistes dans la seconde édition du Recueil (1553). À ce moment, il peut réaliser le rêve humaniste du voyage à Rome, puisque son cousin, le cardinal Jean du Bellay, ambassadeur, lui offre de l'accompagner en tant que secrétaire et intendant (1554-1557). La déception sera grande, et manifestée dès son retour par la publication des Regrets, des Antiquités de Rome et du Songe (1558). Mais les années romaines sont aussi celles où il compose les Divers Jeux rustidues, symptômes d'un retour quelque peu factice aux vertus de la simplicité et de l'ignorance. En outre, c'est à Rome qu'il a rencontré la passion pour Faustine, et une volupté qui se traduit en latin dans les Poemata (1558). De retour à Paris, il est favorablement accueilli, mais aussi accablé par un complexe procès d'héritage, qui l'oppose au tout-puissant connétable de Montmorency. Il donne encore un « Poète courtisan » où il réaffirme que les Muses ne sont pas frivoles, et diverses pièces de circonstance. Il mourra sans avoir pu réaliser d'édition collective. Les Xenia, seu Illustriorum quorum-dam nominum allusiones (1569), pièces commémoratives destinées à des personnages importants, pratiquent de façon intéressante l'allusio, ou exploitation des liens entre l'étymologie des noms propres et les qualités des personnes qui les portent : de tels jeux significatifs étaient déjà disséminés dans les Regrets.
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