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Jean RICHEPIN (1849-1926) (Recueil : La chanson des gueux) - La petite qui tousse

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Jean RICHEPIN (1849-1926) (Recueil : La chanson des gueux) - La petite qui tousse Les aiguilles des vents froids Prennent les nez et les doigts Pour pelote. Quel est sur le trottoir blanc Cet être noir et tremblant Qui sanglote ? La pauvre enfant ! Regardez. La toux, par coups saccadés, La secoue, Et la bise qui la mord Met les roses de la mort Sur sa joue. Les violettes sont moins Violettes que les coins De sa lèvre, Que le dessous de ses yeux Meurtri par les baisers bleus De la fièvre. Tousse ! tousse ! Encor ! Tantôt On croit ouïr le marteau D' une forge ; Tantôt le râle plus clair Comme un clairon sonne un air Dans sa gorge. Tousse ! tousse ! tousse ! Encor ! Oh ! le rauque et dur accord Qui ricane ! Ce clairon large et profond Sonne pour ceux qui s'en vont La diane. Tousse ! C'est le cri perçant Du noyé lourd qui descend Sous l'écume, Tousse ! C'est lointain, lointain, Ainsi qu'un glas qui s'éteint Dans la brume. Tousse ! tousse ! un dernier coup ! Elle laisse sur son cou Choir sa tête, Tel sous la bise un flambeau ; Et pour la paix du tombeau Elle est prête. Elle épousera ce soir, Sans bouquet, sans encensoir, Sans musiques, Plus tôt qu'on n'aurait pensé, L'hiver, ce vieux fiancé Des phtisiques.

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