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Jean RICHEPIN (1849-1926) (Recueil : La chanson des gueux) - Du mouron pour les p'tits oiseaux

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Jean RICHEPIN (1849-1926) (Recueil : La chanson des gueux) - Du mouron pour les p'tits oiseaux Grand'mère, fillette et garçon Chantent tour à tour la chanson. Tous trois s'en vont levant la tête : La vieille à la jaune binette, Les enfants aux roses museaux. Que la voix soit rude ou jolie, L'air est plein de mélancolie : Du mouron pour les p'tits oiseaux ! Le mouron vert est ramassé Dans la haie et dans le fossé. Au bout de sa tige qui bouge La fleur bonne est blanche et non rouge. Il sent la verdure et les eaux ; Il sent les champs et l'azur libre Où l'alouette vole et vibre. Du mouron pour les p'tits oiseaux ! C'est ce matin avant le jour Que la vieille a fait son grand tour. Elle a marché deux ou trois lieues Hors du faubourg, dans les banlieues, Jusqu'à Clamart ou jusqu'à Sceaux. Elle est bien lasse sous sa hotte ! Et l'on ne vend qu'un sou la botte Du mouron pour les p'tits oiseaux ! Les petits trouvant le temps long Traînent en allant leur talon. La soeur fait la grimace au frère Qui, sans la voir, pour se distraire, Trempe ses pieds dans les ruisseaux, Tandis qu'au cinquième peut-être On demande par la fenêtre Du mouron pour les p'tits oiseaux ! Mais la grand'mère a vu cela. Un sou par-ci, deux sous par-là ! C'est elle encor, la pauvre vieille, Qui le mieux des trois tend l'oreille, Et dont les jambes en fuseaux, Quand à monter quelqu'un l'invite, Savent apporter le plus vite Du mouron pour les p'tits oiseaux ! Un sou par-là, deux sous par-ci ! La bonne femme dit merci. C'est avec les gros sous de cuivre Que l'on achète de quoi vivre, Et qu'elle, la peau sur les os, Peut donner, à l'heure où l'on dîne, A son bambin, à sa bambine, Du mouron pour les p'tits oiseaux !

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