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Jacques PELLETIER DU MANS (1517-1582) - A ceux qui blâment les mathématiques

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Jacques PELLETIER DU MANS (1517-1582) - A ceux qui blâment les mathématiques Tant plus je vois que vous blâmez Sa noble discipline, Plus à l'aimer vous enflammez Ma volonté encline. Car ce qui a moins de suivants, D'autant plus il est rare, Et est la chose entre vivants Dont on est plus avare. Il n'est pas en votre puissance Qu'y soyez adonnés ; Car le ciel dès votre naissance Vous en a détournés ; Ou ayant persuasion Que tant la peine en coûte, Est la meilleure occasion Qui tant vous en dégoûte. Le ciel orné de tels flambeaux N'est-il point admirable ? La notice de corps si beaux N'est-elle désirable ? Du céleste ouvrage l'objet, Si vrai et régulier, N'est-il sur tout autre sujet Beau, noble et singulier ? N'est-ce rien d'avoir pu prévoir Par les cours ordinaires, L'éclipse que doit recevoir L'un des deux Luminaires 7 D'avoir su, par vraies pratiques, Les aspects calculer ? Et connaître les Erratiques Marcher ou reculer ? Toutefois il n'est jà besoin Que tant fort je la loue, Vu que je n'ai vouloir ni soin Que de ce l'on m'avoue ; Car que chaut-il à qui l'honore Qu'elle soit contemnée ? Science, de cil qui l'ignore, Est toujours condamnée. Assez regarde l'indocte homme Du ciel rond la ceinture, Mais il s'y connaît ainsi comme L'aveugle en la peinture. Celui qui a l'âme ravie Par les cieux va et passe, Et soudain voit durant sa vie D'en haut la terre basse. Cette science l'homme cueille Alors qu'il imagine La facture et grande merveille De la ronde machine. C'est celle par qui mieux s'apprenne L'immense Déité, Et qui des athées reprenne Erreur et vanité.

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