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Germain NOUVEAU (1851-1920) (Recueil : Autres vers) - Mendiants

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Germain NOUVEAU (1851-1920) (Recueil : Autres vers) - Mendiants Pendant qu'hésite encor ton pas sur la prairie, Le pays s'est de ciel houleux enveloppé. Tu cèdes, l'oeil levé vers la nuagerie, A ce doux midi blême et plein d'osier coupé. Nous avons tant suivi le mur de mousse grise Qu'à la fin, à nos flancs qu'une douleur emplit, Non moins bon que ton sein, tiède comme l'église, Ce fossé s'est ouvert aussi sûr que le lit. Dédoublement sans fin d'un typique fantôme, Que l'or de ta prunelle était peuplé de rois ! Est-ce moi qui riais à travers ce royaume ? Je tenais le martyre, ayant les bras en croix. Le fleuve au loin, le ciel en deuil, l'eau de tes lèvres, Immense trilogie amère aux coeurs noyés. Un goût m'est revenu de nos plus forts genièvres, Lorsque ta joue a lui, près des yeux dévoyés ! Et pourtant, oh ! pourtant, des seins de l'innocent Et de nos doigts, sonnant, vers notre rêve éclos Sur le ventre gentil comme un tambour qui chante, Dianes aux désirs, et charger aux sanglots, De ton attifement de boucles et de ganses, Vieux Bébé, de tes cils essuyés simplement, Et de vos piétés, et de vos manigances Qui m'auraient bien pu rendre aussi chien que l'amant, Il ne devait rester qu'une ironie immonde, Une langueur des yeux détournés sans effort. Quel bras, impitoyable aux Echappés du monde, Te pousse à l'Est, pendant que je me sauve au Nord !

« Germain NOUVEAU, Autres vers, « Mendiants ». 1.

Pendant qu'hésite encor ton pas sur la prairie, 2.

Le pays s'est de ciel houleux enveloppé. 3.

Tu cèdes, l'oeil levé vers la nuagerie, 4.

A ce doux midi blême et plein d'osier coupé. 5.

Nous avons tant suivi le mur de mousse grise 6.

Qu'à la fin, à nos flancs qu'une douleur emplit, 7.

Non moins bon que ton sein, tiède comme l'église, 8.

Ce fossé s'est ouvert aussi sûr que le lit. 9.

Dédoublement sans fin d'un typique fantôme, 10.

Que l'or de ta prunelle était peuplé de rois ! 11.

Est-ce moi qui riais à travers ce royaume ? 12.

Je tenais le martyre, ayant les bras en croix. 13.

Le fleuve au loin, le ciel en deuil, l'eau de tes lèvres, 14.

Immense trilogie amère aux coeurs noyés. 15.

Un goût m'est revenu de nos plus forts genièvres, 16.

Lorsque ta joue a lui, près des yeux dévoyés ! 17.

Et pourtant, oh ! pourtant, des seins de l'innocent 18.

Et de nos doigts, sonnant, vers notre rêve éclos 19.

Sur le ventre gentil comme un tambour qui chante, 20.

Dianes aux désirs, et charger aux sanglots, 21.

De ton attifement de boucles et de ganses, 22.

Vieux Bébé, de tes cils essuyés simplement, 23.

Et de vos piétés, et de vos manigances 24.

Qui m'auraient bien pu rendre aussi chien que l'amant, 25.

Il ne devait rester qu'une ironie immonde, 26.

Une langueur des yeux détournés sans effort. 27.

Quel bras, impitoyable aux Echappés du monde, 28.

Te pousse à l'Est, pendant que je me sauve au Nord ! Germain Nouveau (1851-1920) : poète. Nouveau, installé à Paris en 1872, Mallarmé, Charles Cros avec lequel il collabore à la rédaction des Dixains réalistes qui tournent en dérision les parnassiens, Rimbaud qu’il aide à la copie des Illuminations, Verlaine avec lequel il restera longtemps ami… En 1891, il est frappé d’une crise de folie mystique et est interné à l'hôpital Bicêtre d'où il sort après quelques mois d'enfermement.

Il traverse plusieurs crises mystiques proches de l’aliénation et meurt d’un jeûne trop prolongé en 1920. Ses poésies seront essentiellement publiées après sa mort, Nouveau s'y étant opposé de son vivant, allant jusqu'à faire un procès lors de la publication de son recueil Savoir aimer, la première version de sa Doctrine de l'Amour.

Il eut une grande influence sur les surréalistes et Aragon le considérait « non un poète mineur mais un grand poète.

Non un épigone de Rimbaud : son égal.

» « Mendiants » : Poème composé de 7 quatrains.. »

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