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François Tristan L'HERMITE (1601-1655) (Recueil : La Lyre) - La belle Esclave maure

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François Tristan L'HERMITE (1601-1655) (Recueil : La Lyre) - La belle Esclave maure Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage Est noir au dernier point, mais beau parfaitement : Et l'Ebène poli qui te sert d'ornement Sur le plus blanc ivoire emporte l'avantage. Ô merveille divine, inconnue à notre âge ! Qu'un objet ténébreux luise si clairement ; Et qu'un charbon éteint, brûle plus vivement Que ceux qui de la flamme entretiennent l'usage ! Entre ces noires mains je mets ma liberté ; Moi qui fus invincible à toute autre Beauté, Une Maure m'embrasse, une Esclave me dompte. Mais cache-toi, Soleil, toi qui viens de ces lieux D'où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte La nuit sur son visage, et le jour dans ses yeux.

« Tristan L'Hermite, « La Belle Esclave more ». 1.

Beau Monstre de Nature, il est vrai, ton visage 2.

Est noir au dernier point, mais beau parfaitement : 3.

Et l’ébène poli qui te sert d’ornement 4.

Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage. 5.

Ô merveille divine, inconnue à notre âge ! 6.

Qu’un objet ténébreux luise si clairement ; 7.

Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement 8.

Que ceux qui de la flamme entretiennent l’usage ! 9.

Entre ces noires mains je mets ma liberté ; 10.

Moi, qui fus invincible à toute autre Beauté, 11.

Une More m’embrase, une Esclave me dompte. 12.

Mais cache-toi Soleil, toi qui viens de ces lieux 13.

D’où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte 14.

La nuit sur son visage, et le jour dans ses yeux. François Tristan L'Hermite (1601-1655) : Poète et auteur dramatique fort applaudi en son temps. Très jeune, il est page à la Cour ‒ expérience qu’il romance dans Le Page disgracié en 1643. Dans le domaine poétique, il publie en 1633 les Plaintes d’Acante, puis plusieurs autres recueils.

Bien qu’il écrive des vers, il se tient à l’écart de la poésie de salon qui a cours à l’époque. Dans le domaine dramatique, il est l’auteur de tragédies, rivalisant à l’époque avec Corneille. Il entre à l’Académie française en 1649. « La Belle esclave morte ». Sonnet > forme fixe composée de quatorze alexandrins, organisés en deux quatrains à rimes identiques embrassées (ABBA ABBA) + de deux tercets. Rimes embrassées dans les quatrains, du type ABBA. Rimes du type CCD, EDE dans les tercets > sonnet français. Alternance respectée entre les rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et les rimes masculines. Poème, adapté d’un sonnet de Gianbattista Marino, centré sur une série de paradoxes et décrivant une esclave > relève de l’esthétique baroque. I- Éloge paradoxal A- Une étonnante beauté noire • « Beau Monstre de Nature » > paradoxe. Oxymore : « beau / monstre ». • Description du « monstre ».

Cf.

« ton visage » ; « noir » ; « beau »… • Quatrain qui contient une antithèse entre le noir et le blanc.

Cf.

« noir au dernier point » > insistance ; « ébène » VS « le plus banc ivoire ». • Champ lexical de la beauté.

Cf.

la répétition de « beau » + insistance avec l’adverbe « parfaitement ».

Cf.

« poli » ; « ornement » ; « l’avantage »…> connotations mélioratives. NB : « ornement » est à la rime avec « parfaitement ». => Paradoxe, alors que le sombre, le noir (qui se rattache souvent aux monstres) a généralement une connotation péjorative, ici le poète insiste sur sa beauté. Noir « emporte l’avantage ».. »

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