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François René de Chateaubriand _ Commentaire de "René"

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« Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m'arrêtais sur les ponts, pour voir se coucher le soleil. L'astre, enflammant les vapeurs de la cité, semblait osciller lentement dans un fluide d'or, comme le pendule de l'horloge des siècles. Je me retirais ensuite avec la nuit, à travers un labyrinthe de rues solitaires. En regardant les lumières qui brillaient dans les demeures des hommes, je me transportais par la pensée au milieu des scènes de douleur et de joie qu'elles éclairaient; et je songeais que sous tant de toits habités, je n'avais pas un ami. Au milieu de mes réflexions, l'heure venait frapper à coups mesurés dans la tour de la cathédrale gothique; elle allait se répétant sur tous les tons et à toutes les distances d'église en église. Hélas! chaque heure dans la société ouvre un tombeau, et fait couler des larmes. Cette vie, qui m'avait d'abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insupportable. Je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes idées. Je me mis à sonder mon coeur, à me demander ce que je désirais. Je ne le savais pas; mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. Me voilà soudain résolu d'achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j'avais déjà dévoré des siècles. J'embrassai ce projet avec l'ardeur que je mets à tous mes desseins; je partis précipitamment pour m'ensevelir dans une chaumière, comme j'étais parti autrefois pour faire le tour du monde ». François René de Chateaubriand

« « Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m'arrêtais sur les ponts, pour voir se coucher le soleil.

L'astre, enflammant les vapeurs de la cité, semblait osciller lentement dans un fluide d'or, comme le pendule de l'horloge des siècles.

Je me retirais ensuite avec la nuit, à travers un labyrinthe de rues solitaires.

En regardant les lumières qui brillaient dans les demeures des hommes, je me transportais par la pensée au milieu des scènes de douleur et de joie qu'elles éclairaient; et je songeais que sous tant de toits habités, je n'avais pas un ami.

Au milieu de mes réflexions, l'heure venait frapper à coups mesurés dans la tour de la cathédrale gothique; elle allait se répétant sur tous les tons et à toutes les distances d'église en église. Hélas! chaque heure dans la société ouvre un tombeau, et fait couler des larmes.

Cette vie, qui m'avait d'abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insupportable.

Je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes idées.

Je me mis à sonder mon coeur, à me demander ce que je désirais.

Je ne le savais pas; mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux.

Me voilà soudain résolu d'achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j'avais déjà dévoré des siècles.

J'embrassai ce projet avec l'ardeur que je mets à tous mes desseins; je partis précipitamment pour m'ensevelir dans une chaumière, comme j'étais parti autrefois pour faire le tour du monde ». François René de Chateaubriand Contexte et éléments pour l’introduction Chateaubriand, qui a connu la Révolution française avant d’entamer une carrière d’écrivain dans la première moitié du XIXè siècle, est un des représentants majeurs du romantisme français, dont il apparaît comme un précurseur.

Son œuvre met en place tous les thèmes principaux du romantisme : introspection, célébration des sentiments intimes, lyrisme de soi et lyrisme de la nature, rejet de la société et aspirations à un renouveau politique – Chateaubriand mène d’ailleurs, en parallèle de sa carrière d’écrivain, une carrière politique.

Il est l’initiateur du thème du « vague des passions », qui deviendra un lieu commun et un pilier de l’esthétique romantique. Le texte, extrait de René – roman largement autobiographique publié en 1802, c’est-à-dire au tout début du romantisme français - , constitue une illustration typique de cette esthétique romantique, si bien qu’il faudra, en en relevant les éléments marquants, se demander en quoi ils sont constitutifs de l’art romantique en général : on y voit en effet un personnage se livrer à une contemplation de la nature tout en sondant son âme et en exprimant son rejet de la société, c’est-à-dire que les trois thèmes principaux du romantisme sont entremêlés dans un lyrisme du « moi » typique de cette esthétique.

Cette inscription du texte dans l’esthétique romantique peut constituer l’axe de lecture problématique du texte. Eléments pour le développement NB : les éléments donnés ici ne sont volontairement pas composés en plan abouti pour un commentaire ; ils ne font que mettre en lumière les éléments à commenter : il vous revient de hiérarchiser ces éléments en fonction de votre propre lecture du texte. I.

Une âme passionnée en communion mystique avec la nature et se livrant à une introspection contemplative - Le texte est écrit en focalisation interne, c’est-à-dire que le lecteur reçoit le point de vue intime du personnage à la fois sur le monde et sur lui-même : on pourrait considérer ici que le personnage se livre à un autoportrait de son âme en situation.

Il faudra, pour montrer cela, étudier l’emploi du pronom de première personne du singulier (« je ») et des autres types de pronoms utilisés eux aussi à la première personne (« mes », « me », etc.).

Il faudra aussi remarquer la manière dont le propos est modalisé pour exprimer la perception intime du personnage (que signifie, par exemple, l’emploi du verbe « sembler » dans un tel contexte ?) - Cette étude pourra être accompagnée de considérations sur la situation de perception mêlée d’introspection que connaît le personnage.

Cette perception prend la forme d’une communion intime avec la nature, avec laquelle le narrateur se sent en connivence (commenter par exemple la phrase « Je me retirai avec la nuit ») - Mettre en valeur le rôle que joue la passion dans les mouvements de l’âme que connaît le narrateur et qu’il décrit : le champ lexical des émotions est très présent (« joie », « douleur », « larmes », « cœur ») : le narrateur perçoit le paysage qui l’entoure en fonction des émotions qui y sont éprouvées, et auxquelles répondent les émotions qu’il connaît intimement : autrement dit, le paysage est investi par les émotions du narrateur.. »

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