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Francis CARCO - Poésies

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Il pleut - c'est merveilleux.Je t'aime. Nous resterons à la maison: Rien ne nous plaît plus que nous même Par ce temps d'arrière saison. Il pleut - les taxis vont et viennent. On voit rouler les autobus. Et les remorquers sue la Seine Font un bruit... qu'on ne s'entend plus! C'est merveilleux: il pleut. J'écoute la pluie dont le crépitement Heurte la vitre goutte à goutte... Et tu me souris tendrement. Je t'aime.Oh! ce bruit d'eau qui pleure, Qui sanglote comme un adieu. Tu vas me quitter tout à l'heure: On dirait qu'il pleut dans tes yeux. Francis CARCO - Poésies

« Introduction Dans un recueil intitulé simplement Poésies paru en 1939, l'écrivain Francis Carco publie un court poème au cours duquel il dit son amour pour «Éliane», celle à qui ces vers sont dédiés.

Associant l'évocation d'un «paysage» et l'expression du sentiment amoureux, le poète semble produire une «pochade» dont l'apparente simplicité voile le drame qui se joue entre deux êtres qui s'aiment. Première idée directrice : un poème où l'amour se dit en toute simplicité. I.

Une déclaration Proférée dès le premier vers, «je t'aime» est mis en relief par la position à la rime, et par les deux pauses qui encadrent l'expression et qu'indique la ponctuation forte.

La même expression sera reprise en tête du vers 13, suivie également d'une pause forte. II.

Un amour partagé C'est ce qu'exprime le jeu des pronoms personnels, de la première et deuxième personne du singulier, en fonction de sujet ou d'objet, ou de la première personne du pluriel utilisée trois fois dans le premier quatrain — la dernière occurrence étant renforcée par l'adjectif « mêmes» et la situation à la rime qui la met en écho avec «Je t'aime» du vers 1 : l'image du couple ainsi s'impose. III.

Un amour intense La versification joue un rôle primordial dans l'expression du sentiment.

L'octosyllabe est un vers sans césure fixe, où les pauses sont placées au gré de la volonté d'expressivité du poète : le premier vers est écrit dans un style quasi télégraphique comme si le poète voulait caractériser précipitamment la situation. La qualité des rimes sert son propos : il observe la règle de l'alternance rime féminine, rime masculine ; il accumule dans les strophes i et 3 les rimes riches. IV.

Une expression lyrique simple La syntaxe des phrases obéit à la logique du constat (fréquence des phrases grammaticalement «simples »).

Quand des phénomènes de subordination se produisent, ils se limitent à deux relatives déterminatives (vers 13 et 14), et une complétive (vers 16).

Apparaît bien une proposition circonstancielle consécutive au vers 8, mais l'absence dans la principale d'un corrélatif comme « tel» en fait une tournure de la langue parlée et même familière.

De plus toutes les phrases sont juxtaposées les unes aux autres. Conclusion partielle et transition Comme tant de poètes avant lui, Carco confie à ses vers la mission de dire avec intensité l'amour qu'il éprouve.

Mais l'expression et le sentiment ont un caractère d'évidence quotidienne qui leur confère une première originalité. Celle-ci est accrue par le curieux rapprochement entre un décor et l'expression d'une situation affective. Deuxième idée directrice : ce poème évoque un étrange «paysage-état d'âme». I.

Le thème récurrent de la pluie A.

Le champ lexical. L'expression « il pleut» apparaît dans chacune des quatre strophes.

Le thème est soutenu par des expressions descriptives comme « ce temps d'arrière- saison», c'est-à-dire fin d'automne, « crépitement » et «goutte-à-goutte» (vers 10 et 11), «ce bruit d'eau» (vers 13). B.

Des aspects phonétiques du texte renforcent le thème du point de vue de l'harmonie suggestive. 1) Abondance des consonnes dites mouillées (ire strophe : « merveilleux » ; « rien» ; 2e strophe « viennent » ; 3e strophe : « merveilleux » 4e strophe : «adieu», «tes yeux», ces deux derniers mots en position remarquable puisqu'a la rime, «yeux» étant même le dernier mot du poème ; 2) La consonne liquide [1] s'entend fréquemment dans chaque strophe : « il pleut», «plaît», «plus », etc.

(21 occurrence en tout). C.

Un état de la nature ambigu. La pluie est traditionnellement et universellement considérée comme un symbole positif (dans une société agricole du moins), mais elle est généralement perçue, par la conscience du citadin, comme un désagrément.

Or dans la première strophe, la pluie apparaît paradoxalement, pour Carco, le parisien, comme la condition même de l'heureuse intimité (vers 2 et 3). Mais cette pluie ne modifie en rien l'activité urbaine et même elle n'en atténue pas le «bruit » (strophe z) qui finit par empêcher le couple de communiquer (vers 9).

Dès lors l'attention de l'amant est comme polarisée par le bruit qu'elle fait en tombant : « crépitement », «heurte la vitre» lui donnent même un caractère agressif.

Dans la dernière strophe,. »

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