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Federico Garciá Lorca

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L'enfance d'un poète n'influe pas toujours d'une manière évidente sur son destin d'artiste, mais dans le cas de Graciá Lorca nous pouvons l'affirmer sans le moindre doute. Né à Fuente Vaqueros, un petit village de la véga de Grenade, et fils d'un paysan riche et entreprenant, Federico vécut à la campagne jusqu'à l'âge de huit ans, et par la suite y revint chaque été jusqu'à l'année même de sa mort. Cette enfance en contact direct avec la nature et avec l'élément humain le plus naturel et le plus riche en imagination de l'Espagne ­ les paysans andalous ­ fut décisive pour l'éclosion de son âme de poète et de ses sentiments d'artiste. Le monde de la pleine campagne, avec sa variété et son mystère, exerçait sur lui une suggestion constante. Et à cela s'unit vite le goût pour les chansons et les refrains populaires qu'il entendait fredonner de la bouche même des servantes et des domestiques de sa maison. Dès sa plus tendre enfance, il aima la guitare et le chant, dont il ne tarda pas à connaître les secrets. Ce penchant pour la nature et pour la musique et le chant populaire andalous sema peu à peu dans son âme d'enfant les dons qui allaient faire de lui un poète et un artiste. Cependant la poésie, en tant qu'art écrit, ne se révéla à lui que plus tard, lorsque sa famille alla s'installer à Grenade, afin qu'il puisse faire dans cette ville ses études secondaires. A Grenade, il découvrit la poésie, lut Rubén Dario, Antonio Machado, Juan Ramon Jiménez, en même temps qu'il se liait avec deux maîtres délicats : Fernando de los Rios (plus tard ministre de la République espagnole), et Manuel de Falla, aux côtés duquel il s'enfonça dans les joies et les mystères de la musique.

« Federico Garciá Lorca L'enfance d'un poète n'influe pas toujours d'une manière évidente sur son destin d'artiste, mais dans le cas de Graciá Lorca nous pouvons l'affirmer sans le moindre doute.

Né à Fuente Vaqueros, un petit village de la véga de Grenade, et fils d'un paysan riche et entreprenant, Federico vécut à l a campagne jusqu'à l'âge de huit ans, et par la suite y revint chaque été jusqu'à l'année m ê m e d e sa mort.

Cette enfance en contact direct avec la nature et avec l'élément humain le plus naturel et le plus riche en imagination de l'Espagne les paysans andalous fut décisive pour l'éclosion de s o n â m e d e poète et d e ses sentiments d'artiste.

Le m o n d e d e l a pleine campagne, avec sa variété et son mystère, exerçait sur lui une suggestion constante.

Et à cela s'unit vite le goût pour les chansons et les refrains populaires qu'il entendait fredonner de la bouche même des servantes et d e s d o m e s t i q u e s d e s a maison.

Dès sa plus tendre enfance, il aima la guitare et le chant, dont il ne tarda p a s à connaître les secrets.

Ce penchant pour la nature et pour la musique et le chant populaire andalous sema peu à peu dans son âme d'enfant les dons qui allaient faire de lui un poète et un artiste. Cependant la poésie, en tant qu'art écrit, ne se révéla à lui que plus tard, lorsque sa famille alla s'installer à Grenade, afin qu'il puisse faire dans cette ville ses études secondaires.

A Grenade, il découvrit la poésie, lut Rubén Dario, Antonio Machado, Juan Ramon Jiménez, en m ê m e temps qu'il se liait avec d e u x maîtres délicats : Fernando d e los Rios (plus tard ministre d e la République espagnole), et Manuel de Falla, aux côtés duquel il s'enfonça dans les joies et les mystères de la musique. Lorsque, au printemps de 1919, à vingt et un ans, Federico arrivait à Madrid pour y parfaire ses études universitaires, s'installant à la fameuse Résidence des Étudiants "un Oxford madrilène", devait dire plus tard Maurice Martin du Gard il se sentait déjà poète, bien qu'il n'eût publié encore qu'un petit livre d e proses poétiques, Impressions et Paysages (1918), fruit d'un voyage à travers différentes provinces espagnoles.

Là, il gagna vite une popularité qui débordait le cadre des milieux intellectuels, et qui devait l'escorter toute sa vie. Il était le dernier jongleur moderne capable de conquérir par son art et par son charme tous ceux qui l'écoutaient.

D'avance on pouvait prédire que l'adolescent de Grenade, si prodigieusement doué, ne tarderait pas à triompher et à devenir célèbre.

Cependant, plusieurs années s'écouleront avant que Lorca n'obtienne sa vraie gloire poétique, avec le Romancero Gitan, publié en 1928.

Tout le mystère, toute la passion de l'âme et de la nature andalouses sont enclos dans ces courts "romances", à la beauté desquels ont fait tant de tort leur propre vogue et les contrefaçons d'une infinité d'imitateurs. Quelques années avant de publier le Romancero Gitan, Lorca avait fait représenter, sans grand succès, sa première pièce importante, Mariana Pineda, drame romantique qui exaltait l'héroïne de la liberté, morte sur l'échafaud au début du XIXe siècle.

Mais il comprit vite qu'il devait renoncer a u x t h è m e s historiques pour en essayer d'autres plus intimement liés à l'inspiration populaire et sans rhétorique romantique ou moderniste.

En ces années, Lorca était déjà la figure la plus choyée et la plus fascinante de toute la "génération poétique de 1927", constituée en particulier par Jorge Guillén, Pedro Salinas, Rafael Alberti, Vicente Aleixandre, Gerardo Diego, Damaso Alonso et Luis Cernuda...

Avec ces derniers il avait célébré, d'une manière éclatante, le tricentenaire de Gongora, luttant contre le silence officiel ; et aussi, comme plusieurs d'entre eux, il avait flirté avec le surréalisme, alors à la mode en France.

C'est précisément un voyage aux ÉtatsUnis, en 1929, qui allait lui permettre de rénover son style poétique, à un m o m e n t o ù l e n é o - popularisme qu'il cultivait avec son ami Rafael Alberti commençait à s'user à force d'être imité.

L'univers supercivilisé et déshumanisé de New York lui inspira un nouveau livre, le Poète à New York, dans lequel l'influence surréaliste un surréalisme "sui generis", très personnel, il est vrai dominait l'expression, sans parvenir cependant à cacher les sentiments passionnés du poète.

Presque en même temps aussi, Lorca écrivait la Savetière prodigieuse, une farce charmante, où les éléments populaires, d'une grâce et d'une fraîcheur inimitables, servaient théâtralement une anecdote brève m a i s savoureuse.

En effet, pour cet artiste capable d'écrire u n e poésie savante et d'avant-garde, le trésor d e la tradition populaire andalouse un trésor qui n'avait pas de secret pour lui restait la source majeure d'inspiration.

Personne ne savait extraire comme Lorca la poésie du peuple, et transformer en poésie ses hommes et ses femmes, leur langage, leur vie. En 1931, la proclamation d e la république espagnole allait signifier pour Lorca une nouvelle aventure : la création d'un théâtre universitaire ambulant, qu'il appela "La Barraca", et grâce auquel il réussit à faire connaître à tous les villages d'Espagne les meilleures pièces du répertoire classique espagnol, des intermèdes de Cervantes aux drames de L o p e d e V e g a et de Calderon de la Barca.

Mais cette activité d'animateur de théâtre, très intense de 1932 à 1935, ne l'empêcha pas de poursuivre la réalisation de son oeuvre.

C'est précisément durant les années de la république que Lorca devait écrire ses meilleurs drames et aussi le poème le plus achevé de toute son oeuvre lyrique : le Chant funèbre pour Ignacio Sanchez Meijas, inspiré par la mort dans les arènes de celui qui avait été un grand torero et l'un de ses amis les plus intimes. Pour le théâtre, il composa ses tragédies Noces d e s a n g e t Yrma, sa comédie Dona Rosita la célibataire, et d'autres pièces mineures. Toutes obtinrent un énorme succès lors de leur représentation, non seulement sur les scènes espagnoles, mais aussi à Buenos Aires, qu'il visita au cours d'un voyage triomphal, d'octobre 1933 à mars 1934.

Il travailla intensément afin d e réaliser s a conception d e l'art dramatique, qui n'était autre que la tragédie poétique, la tragédie conçue comme un poème dramatique partant du réalisme le plus nuconflits de forces élémentaires : le sexe, la jalousie, la stérilité de l'épouse pour s'élever ensuite jusqu'à un plan de haut lyrisme tragique et de fantaisie symbolique. Toutefois, dans l'évolution de son théâtre, il voulut aller plus loin encore et accéder à la tragédie dépouillée de tout revêtement lyrique, plongée dans un dialogue sec et cinglant comme un fouet.

C'est ce qu'il réussit à faire dans la Maison de Bernarda Alba, terminée un mois avant sa mort, et qui ne put être représentée que beaucoup plus tard.

Avec cette tragédie, Lorca reste fidèle au fond populaire de son théâtre et à l'obsession du désir s e x u e l e n tant qu'élément dramatique.

Aride, sans la moindre concession à l'élément lyrique, la pièce s'achève comme toutes les tragédies : par la mort qui consume tout. Cette expression si riche et si fulgurante, ce torrent de vie et de poésie qu'était Federico, allaient être tranchés d'une manière elle aussi tragique, par la mort la plus inattendue.

La mort, qui avait été un thème fondamental de sa création littéraire, devait couronner ainsi sa vie et son oeuvre.

Le 18 juillet 1936, l'armée se soulevait contre la république espagnole.

Quelques jours plus tôt, Federico était arrivé à Grenade, comme tous les ans, pour y passer l'été à la campagne avec sa famille.

A la mi-août, il était arrêté par l'Escouade Noire, et, à l'aube du 19, fusillé dans un champ d'oliviers, près du village de Viznar.

Tous les poètes pleurèrent sa mort, qui coupa d'une façon si tragique ce jet puissant de vie et de poésie, cette voix si radicalement espagnole et andalouse, qui était le sel de l'Espagne. Un quart de siècle après la mort du poète, l'oeuvre de Lorca est devenue universelle.

Vivante et fraîche, elle est comme un fruit inspiré, comme une profonde expression du génie d'un peuple.. »

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