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Faut il chercher le sens d'une oeuvre dramatique dans son dénouement ? Vous prendrez appuie sur les textes du corpus et vos études en classe.

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Le choix du dénouement participe aussi d'un jeu avec les codes théâtraux et avec le lecteur   _ Le dénouement des comédies est codifié : il est préférable que la pièce se termine dans une tonalité d'allégresse générale (que tout le monde soit satisfait) et très souvent par un mariage : une très grande partie des comédies de Molière se termine par le mariage des amants qui semblait d'abord impossible (L'école des femmes, Tartuffe, Le médecin volant...) le dénouement de L'avare est caractéristique : le mariage final de Cléante et de Marianne n'est dû qu'à un coup de théâtre qui dévoile que Marianne est la fille d'Harpagon, et qu'il ne peut donc se marier avec elle. Ce deux ex machina paraît un peu forcé, mais permet l'heureux dénouement. Mais il semble que le sens véritable de la pièce soit dans la peinture du caractère obsessionnel de l'Avare, et de sa monomanie destructrice et presque tragique. Le dénouement allègre pourrait presque paraître discordant par rapport aux accents grincants de ce personnage. _ Le dénouement de Dom Juan, du même auteur, brouille les pistes : la pièce se termine sur le châtiment exemplaire et divin du pécheur; mais il a eu auparavant largement le temps d'exposer sa philosophie du libertinage, et de la mettre en pratique. De plus cette punition divine reste irréaliste. Ce dénouement contribue à brouiller plutôt le sens de la pièce : le spectateur ne peut trancher entre une apologie, et une condamnation du libertinage.   III. Ne risquerait-on pas de passer à côté de la pièce en attendant tout du dénouement?

« Le terme même de dénouement éclaire sur sa fonction : la scène du dénouement est chargée de "dénouer" l'intrigue qui a été présentée et qui s'est compliquée tout au long de la pièce.

Elle a une fonction dramatique évidente.

A ce premier niveau se superpose un niveau symbolique : quel sens l'auteur a-t-il voulu donner à sa pièce? La question du sens est problématique dans le cas du théâtre : c'est en effet un genre qui est par définition polyphonique, c'est le genre où l'auteur est le plus discret, puisqu'il s'éparpille en divers personnages qui ont tous la parole.

C'est pourquoi la scène finale prend une grande importance : l'auteur y montre à qui il décide de donner le "dernier mot". Faut-il pour autant se fier uniquement au dénouement? Et admettre que toute la pièce tourne autour de la scène finale? I.

Un lieu privilégié pour délivrer le message principal de l'auteur _ Dans ses Discours sur le poème dramatique, Corneille émet l'idée que le destin des personnages, dans les tragédies, doit avoir une portée morale : la mort de Cléopâtre dans Rodogune a un sens, elle est destinée à montrer qu'un personnage animé par une passion noire (l'amour du pouvoir, en l'occurrence) ne parvient qu'à provoquer sa propre destruction. _ Cas particulier des "pièces à thèse" au XXe siècle : .Ainsi dans sa pièce Le malentendu, Camus met en scène une mère et ses filles qui tiennent une auberge et tuent et détroussent leurs clients.

Par erreur, elles tuent ainsi leur propre fils sans le reconnaître, puis découvrent son identité et leur crime.

La dernière scène montre Maria, une des filles, qui se tourne vers leur serviteur, "Le vieux" et lui demande de l'aide, qu'il lui refuse.

Le "vieux" est ici l'image de Dieu, et ce dialogue final montre le caractère absurde et désespéré de la croyance religieuse.

Il résume en une image forte le message global de la pièce. II.

Le choix du dénouement participe aussi d'un jeu avec les codes théâtraux et avec le lecteur _ Le dénouement des comédies est codifié : il est préférable que la pièce se termine dans une tonalité d'allégresse générale (que tout le monde soit satisfait) et très souvent par un mariage : une très grande partie des comédies de Molière se termine par le mariage des amants qui semblait d'abord impossible (L'école des femmes, Tartuffe, Le médecin volant...) le dénouement de L'avare est caractéristique : le mariage final de Cléante et de Marianne n'est dû qu'à un coup de théâtre qui dévoile que Marianne est la fille d'Harpagon, et qu'il ne peut donc se marier avec elle.

Ce deux ex machina paraît un peu forcé, mais permet l'heureux dénouement.

Mais il semble que le sens véritable de la pièce soit dans la peinture du caractère obsessionnel de l'Avare, et de sa monomanie destructrice et presque tragique.

Le dénouement allègre pourrait presque paraître discordant par rapport aux accents grincants de ce personnage. _ Le dénouement de Dom Juan, du même auteur, brouille les pistes : la pièce se termine sur le châtiment exemplaire et divin du pécheur; mais il a eu auparavant largement le temps d'exposer sa philosophie du libertinage, et de la mettre en pratique.

De plus cette punition divine reste irréaliste.

Ce dénouement contribue à brouiller plutôt le sens de la pièce : le spectateur ne peut trancher entre une apologie, et une condamnation du libertinage. III.

Ne risquerait-on pas de passer à côté de la pièce en attendant tout du dénouement? _ La question du "sens" ramène à celle de la "fonction" d'une pièce : Corneille donne dans ses textes théoriques une fonction morale aux tragédies, mais ses personnages noirs restent séduisants et fascinants; la pièce ne doit-elle pas avant tout provoquer chez le spectateur, "par-delà le bien et le mal", la catharsis dont parle Aristote dans sa Poétique? Cette purgation des passions et des peurs par leur évocation sur une scène, et par leur incarnation dans des personnages, se fait tout au long de la pièce et pas seulement dans son dénouement. _Ionesco tourne en dérision le fait même de chercher un sens ultime et caché à une pièce dans La cantatrice chauve : cette pièce ne comporte pas de véritable dénouement, elle détruit la notion même de dénouement : arrivée à la scène finale, où les personnages se jettent à la tête des mots dépourvus de sens, elle est censée reprendre au début, et se rejouer entièrement, en inversant les rôles des deux couples principaux.

Ici, le refus du sens va de pair avec le refus du dénouement. Le dénouement, inverse et symétrique à la scène d'exposition, a une place capitale dans l'économie de la pièce : l'auteur peut s'en servir pour délivrer son message ultime dans une image finale et forte.

Mais il peut aussi, au contraire, jouer sur l'attente du lecteur et brouiller les pistes, en choisissant un dénouement qui semble discordant avec le reste de la pièce, qui étonne par sa soudaineté ou par son incongruité.

Dans ce cas il fournit une pièce supplémentaire à l'exégèse, mais ne peut suffire à éclairer toute la pièce.

L'importance attachée à l'interprétation et au dénouement est détournée de façon ironique par un auteur comme Ionesco, qui déçoit radicalement ces deux attentes.. »

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