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Faut-il avoir vécu pour écrire son autobiographie ?

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Une autobiographie doit-elle nécessairement relater une vie hors du commun tant dans sa longueur que dans son intensité ?

« Analyse du sujet et problématisation L'autobiographie est un récit dans lequel une personne raconte sa propre vie.

Dans Le Pacte autobiographique, Philippe Lejeune la définit comme un « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité.» L'autobiographie nécessite donc, a priori, que son auteur ait vécu, c'est-à-dire, soit arrivé à un certain seuil de sa vie, à un moment où il peut regarder derrière lui et faire une sorte de bilan. Cependant l'expression « avoir vécu » pose problème dans notre sujet car elle peut être envisagée dans de multiples acceptions : invite d'abord à envisager une certaine durée de vie : il faut avoir vécu une vie assez longue, être assez âgé pour pouvoir en faire un récit rétrospectif. Mais « avoir vécu » peut aussi s'envisager en terme d'action et désigner un moment de vie particulier tellement intense qu'il apporte une expérience et une connaissance plus importantes qu'une vie entière. Dans une acception un peu plus familière, mais néanmoins à ne pas négliger, « avoir vécu » peut aussi désigner une vie dissolue. Problématique : Une autobiographie doit-elle nécessairement relater une vie hors du commun tant dans sa longueur que dans son intensité ? I) L'autobiographie : le bilan d'une vie IP : En tant que « récit rétrospectif », l'autobiographie se présente souvent comme le bilan d'une vie.

Il faut donc bien que son auteur « ait vécu » une vie suffisamment longue pour en dresser un bilan. 1) Le récit d'une existence L'autobiographie se présente donc comme le récit d'une existence, non un récit exhaustif, mais un récit reflétant les choix de l'autobiographe entre les éléments de sa vie qui lui reviennent en mémoire.

Si on pousse la définition de l'autobiographie à son terme, celle-ci ne serait possible d'ailleurs qu'à l'aube de la mort, lorsque le sujet décide de dresser le bilan des évènements marquant de sa vie.

Ainsi les autobiographes sont souvent des auteurs d'un certain âge. Ex : Les Confessions de Rousseau : projet de fin de vie (rédigé entre 1764 et 1770, Rousseau mourant en 1778) et œuvre publiée à titre posthume. 2) La genèse d'une individualité C'est la mise à distance de soi par l'écriture qui permet à se connaître lui-même dans son autobiographie.

Seule la distance à la fois temporelle et littéraire – dans l'acte d'écriture – permet donc l'entreprise autobiographique. L'autobiographe ne fait pas que restituer des souvenirs sur une page blanche, mais procède à une analyse rétrospective lui permettant de retracer la genèse de sa personnalité : ce moment de l'analyse, important dans toute entreprise autobiographique participe à la construction du « moi » de l'autobiographe.

Cette analyse est certes très présente chez Montaigne, mais aussi chez Stendhal dans la Vie de Henri Brulard.

Par les thèmes abordés Stendhal semble pratiquer une véritable psychanalyse (amour incestueux de la mère, haine « oedipienne » du père, dont le portrait que l'auteur trace fait une incarnation de l'autorité).

Mais surtout par l'idée que c'est l'enfance qui explique tout, Stendhal peut apparaître comme un Freud avant la lettre II) L'autobiographie : le récit d'un morceau de vie intense IP : L'intérêt d'une autobiographie réside souvent dans le caractère hors du commun des évènements qu'elle relate. Ainsi il n'est pas temps nécessaire d'avoir vécu une vie longue et complète pour faire son autobiographie, que d'avoir vécu une vie intense et extra-ordinaire. 1) L'intensité d'une brève époque de vie Une personne relativement jeune peut écrire son autobiographie, tout comme un moment même bref d'une vie peut être matière à autobiographie s'il est particulièrement intense.

L'intérêt d'une autobiographie ne tient donc pas à la quantité de souvenirs amassés et à la durée de la vie qu'elle relate, mais à la qualité de ses souvenirs et à leur caractère déterminant dans l'histoire de la personnalité de l'autobiographe. Ex : Primo Levi qui, dans Si c'est un homme, relate l'année qu'il a vécue à Aushwitz, déportation qui s'avère l'élément central de son existence.

On a donc bien ici une autobiographie d'un jeune homme ( l'œuvre est publiée en 1947, Primo Levi a 28 ans) relatant un événement intense qui déterminera toute sa vie à venir et événement à l'aune duquel il mesure aussi sa vie passée.. »

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