Evariste de PARNY (1753-1814) - Le Songe
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Evariste de PARNY (1753-1814) - Le Songe Le sommeil a touché ses yeux ; Sous des pavots délicieux Ils se ferment, et son coeur veille. A l'erreur ses sens sont livrés. Sur son visage par degrés La rose devient plus vermeille ; Sa main semble éloigner quelqu'un : Sur le duvet elle s'agite ; Son sein impatient palpite Et repousse un voile importun. Enfin, plus calme et plus paisible, Elle retombe mollement, Et de sa bouche lentement S'échappe un murmure insensible. Ce murmure plein de douceur Ressemble au souffle de Zéphyre, Quand il passe de fleur en fleur ; C'est la volupté qui soupire. Oui, ce sont les gémissements D'une vierge de quatorze ans, Qui dans un songe involontaire Voit une bouche téméraire Effleurer ses appas naissants Et qui dans ses bras caressants Presse un époux imaginaire. Le sommeil doit être charmant, Justine, avec un tel mensonge ; Mais plus heureux encor l'amant Qui peut causer un pareil songe !
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