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Euripide

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Des trois grands poètes qui, dans la Grèce du Ve siècle avant JC, ont fait de la tragédie un genre athénien, Euripide est le plus jeune ; c'est aussi, au jugement d'Aristote, le plus tragique. Son génie n'a cependant pas reçu pleine justice de ses contemporains, qui lui accordèrent cinq fois seulement le premier prix au cours de sa longue carrière. Ce n'est qu'après sa mort que ses oeuvres devinrent vraiment populaires. A l'époque alexandrine encore, alors qu'Eschyle et Sophocle étaient depuis longtemps des auteurs d'anthologie, il restait au répertoire et ses personnages, qui semblaient n'avoir pas vieilli, avaient la faveur du public. Rien n'a prévalu depuis contre cette réhabilitation, à laquelle nous devons d'avoir conservé dix-sept tragédies, un drame satirique et un volume de fragments, qui font d'Euripide le mieux connu des tragiques grecs. Il est né dans l'île de Salamine, vers le temps de la fameuse bataille, entre 485 et 480 av. JC. Lessing s'est plu à noter que le jour où elle fut livrée Eschyle combattit sur la flotte, Sophocle dansa le péan de victoire et Euripide naquit. Ces correspondances n'ont que la valeur d'un symbole : elles permettent cependant de situer l'un par rapport à l'autre les trois meilleurs ouvriers du genre tragique de la Grèce et de marquer la continuité qu'ils assurèrent à son développement. Si douteuses que soient les indications qui nous ont été transmises sur Euripide et où il faut faire la part des insinuations malveillantes des auteurs comiques, il semble qu'il ait été d'origine modeste, probablement le fils de petits propriétaires qui faisaient valoir eux-mêmes leur bien.

« Euripide Des trois grands poètes qui, dans la Grèce du Ve siècle avant JC, ont fait de la tragédie un genre athénien, Euripide est le plus jeune ; c'est aussi, au jugement d'Aristote, le plus tragique.

Son génie n'a cependant pas reçu pleine justice de s e s contemporains, qui lui accordèrent cinq fois seulement le premier prix au cours de sa longue carrière.

Ce n'est qu'après sa mort que ses oeuvres devinrent vraiment populaires.

A l'époque alexandrine encore, alors qu'Eschyle et Sophocle étaient depuis longtemps des auteurs d'anthologie, il restait au répertoire et ses personnages, qui semblaient n'avoir pas vieilli, avaient la faveur du public.

Rien n'a prévalu depuis contre cette réhabilitation, à laquelle nous devons d'avoir conservé dix-sept tragédies, un drame satirique et un volume d e fragments, qui font d'Euripide le mieux connu des tragiques grecs. Il est né dans l'île de Salamine, vers le temps de la fameuse bataille, entre 485 et 480 av.

JC.

Lessing s'est plu à noter que le jour où elle fut livrée Eschyle combattit sur la flotte, Sophocle dansa le péan de victoire et Euripide naquit.

Ces correspondances n'ont que la valeur d'un symbole : elles permettent cependant de situer l'un par rapport à l'autre les trois meilleurs ouvriers du genre tragique de la Grèce et de marquer la continuité qu'ils assurèrent à son développement.

Si douteuses que soient les indications qui nous ont été transmises sur Euripide et où il faut faire la part des insinuations malveillantes des auteurs comiques, il semble qu'il ait été d'origine modeste, probablement le fils de petits propriétaires qui faisaient valoir eux-mêmes leur bien.

Il fut enfant et adolescent dans une ville exaltée par les victoires remportées sur les Perses, qui se transformait en une cité industrielle et commerçante l'Athènes de Thémistocle, d'Aristide et de Cimon.

Ses parents purent y faire figure de rustres "sentant le fromage et le suint de mouton", s'il faut en croire Aristophane ; ils assurèrent en tout cas à leur fils l'indépendance matérielle, qui, en le dispensant d'embrasser une carrière, lui permit de faire ses débuts d'auteur dramatique dès 455 av.

JC et de ne plus cesser par la suite d'écrire pour la scène.

Sa formation fut le fruit, pour une part, de ses lectures et de ses réflexions personnelles : on raconte qu'il s'isolait volontiers à Salamine dans une grotte ouvrant sur la mer pour y lire et y méditer ; on rapporte aussi qu'il s'était constitué une riche bibliothèque, une des premières dont il soit fait mention.

D'autre part, il dut beaucoup à la fréquentation de quelques esprits supérieurs de l'entourage de Périclès, qui lui apprirent à s'affranchir des préjugés et à faire libre usage de son esprit critique : penseurs et sophistes venus d'Ionie comme Anaxagore et Protagoras, artistes comme Phidias, philosophes comme Socrate.

Euripide se tint constamment en dehors de toute activité publique.

Sa vie privée fut marquée, semble-t-il, par des déboires domestiques, où il faut voir sans doute l'explication des traits satiriques qu'il décoche si souvent aux femmes.

Sa maturité coïncide avec la grandeur de l'Athènes de Périclès, devenue en Grèce le foyer de la pensée et de l'art, en même temps que la capitale d'un grand empire maritime.

Il vécut assez vieux pour assister à son déclin ; il partagea les espoirs et les épreuves d e ses compatriotes pendant la guerre du Péloponnèse, mais il ne connut pas, du moins, la défaite finale : s'étant retiré à un âge avancé à la cour d'Archélaos, en Macédoine, où il reçut un accueil magnifique, il y mourut probablement d'accident, en 406 av.

JC, l'année d e la bataille des îles Arginuses. Parmi les pièces subsistantes, il n'en est guère qui ne contiennent quelques allusions à l'actualité : telle la diatribe qu'on lit dans Andromaque contre les Spartiates, "princes du mensonge et d e la fourberie" ; deux d'entre elles sont des oeuvres d e circonstances, dominées par une intention politique, les Héraclides et les Suppliantes.

Toutefois, dans leur fond même, ses drames apparaissent détachés de l'actuel et les problèmes qu'ils agitent sont moins le reflet des préoccupations de l'Athènes triomphante puis souffrante où il vécut que de ses propres méditations ou des discussions qu'il tint avec ses amis sur l'homme, sur l'amour, sur les dieux.

Sans modifier l'organisation matérielle du drame, qu'il trouvait fixée, ni chercher ses sujets ailleurs que dans le répertoire tragique où ses devanciers avaient puisé avant lui, il rénove les vieilles légendes en leur prêtant un sens nouveau, inattendu.

La tragédie d'Eschyle montrait l'accomplissement inexorable des décrets divins en dépit de tous les vouloirs humains.

Dans celle de Sophocle, l'homme n'était déjà plus la victime écrasée par le destin ; ses héros volontaires et passionnés mettent au service d'une idée ou d'un sentiment toute la puissance d e leur être moral dont ils ont pris conscience.

Euripide, sans rejeter les idées admises sur l'intervention des dieux dans les affaires humaines, en parle avec un scepticisme qui frise l'irrespect.

Souvent la critique de ses personnages s'exerce d'une manière qui rappelle l'enseignement des sophistes : c'est le cas pour la nourrice qui, dans Hippolyte, parle des amours des Olympiens comme faisait Xénophane d'Elée se gaussant des dieux d'Homère.

Et si le théâtre d'Euripide compte autant de personnages divins qu'aucun autre, ils n'y sont plus que des ressorts de l'action : jamais une adhésion vraiment religieuse ne s'attache à leurs décisions. Ce théâtre est celui de l'humain.

Mais, à la différence de Sophocle qui peint la volonté réfléchie, Euripide met en scène les sentiments instinctifs, ces puissances à demi-inconscientes qui sont au fond de l'âme humaine et qu'une crise fait éclater en éclairs de passions.

C'est par là qu'il a été le maître de notre Racine.

Le premier, il a été amené à montrer ainsi les envoûtements de l'amour sur l'être à la fois physique et moral.

Exception faite d'Oreste dans Andromaque, ce sont les femmes qui, dans sa tragédie, brûlent de passion, aiment et haïssent tout à la fois, meurent ou tuent par amour : personnages de légende devenus des êtres de chair et de sang, Médée, Sthénébée, Pasiphae, Phèdre ont fait scandale dans le public athénien.

Près de ces figures pathétiques et coupables qui occupent le devant de la scène, le théâtre d'Euripide offre, par un singulier mélange des genres, toute une galerie de jeunes femmes, telles qu'Alceste, Iphigénie, Polyxène, qui nous charment par leur grâce, leur réserve, leur héroïsme tranquille, et sur qui le poète misogyne a reporté sans doute des aspirations que la vie avaient déçues.

Il y a aussi tous les personnages secondaires, qu'on croirait, malgré leur nom, empruntés à l'humanité moyenne et dont certains parfois confinent à la haute comédie, comme Agamemnon, dans le coeur de qui s e mêlent la tendresse paternelle et l'ambition dans Iphigénie à Aulis, ou le vieux Phérès, que son égoïsme rend insensible dans Alceste.

C'est à leur propos qu'Aristophane a reproché à Euripide d'abaisser le genre qu'il traite, et il est bien vrai qu'avec eux est entrée dans la tragédie la peinture de la réalité familière, évoquée dans une langue simple, fort éloignée de la majesté tragique d'Eschyle.

Et puis, il y a Euripide luimême, dont les préoccupations inspirent si souvent le langage des personnages accessoires et des choeurs, de plus en plus détachés de l'action dans son théâtre, aussi bien que des protagonistes : femmes ou vieillards raisonneurs, qui dissertent sur les sujets spéculatifs ou sociaux, comme cette nourrice déjà mentionnée, qui, après avoir parlé des dieux, traite de l'amitié en des termes que Cicéron reprendra ; jeunes gens intransigeants comme Hippolyte, par la bouche de qui sont exprimés tous les griefs que le poète avait contre les femmes et dont la diatribe annonce curieusement la satire de Boileau. Replacé en son temps, ce théâtre était trop "moderne", en effet, pour ne pas rencontrer l'incompréhension d'un public pour qui la tragédie restait une solennité religieuse, trop varié de tons pour ne pas provoquer la critique des connaisseurs, qui lui ont reproché d'être mal composé.

Celui qui l'avait créé n'allait obtenir pleine audience qu'après sa mort.

La Grèce entière devait alors devenir véritablement sa tombe, bien que son corps fût resté en Macédoine, comme le proclamait l'inscription du cénotaphe que les Athéniens lui élevèrent, avant de dresser, en 330 av.

JC, sa statue en bronze dans le théâtre de Dionysos.. »

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