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Etienne de La Boétie Discours de la servitude volontaire (1576) - Texte complémentaire

Publié le 14/11/2022

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« Etienne de La Boétie Discours de la servitude volontaire (1576)-Texte complémentaire Ce réquisitoire contre la tyrannie et notamment l’absolutisme, appelé aussi le Contr’un, propose à l’homme une sorte de cure de désintoxication pour qu’il se délivre de l’addiction à la servitude par la désobéissance passive laquelle, paradoxalement, doit rétablir une obéissance libre.

Ecrit par Etienne de La Boétie alors qu’il n’avait que 18 ans, ce texte nous questionne sur la légitimité de toute autorité et essaie d’analyser les raisons de la soumission.

C’est une réflexion libertaire –qui place la liberté en valeur suprême-.

La Boétie associe, de façon paradoxale, le nom « servitude » et l’adjectif « volontaire ». Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres (1) à votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous.

Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies.

Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort.

Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes.

Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire.

D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs (2) du larron (3)qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? Vous semez vos champs pour qu’il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu’il puisse assouvir sa luxure (4), vous nourrissez vos enfants pour qu’il en fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu’il les mène à la guerre, à la boucherie, qu’il les rende ministres de ses convoitises (5) et exécuteurs de ses vengeances.

Vous vous usez à la peine afin qu’il puisse se mignarder(6) dans ses délices et se vautrer dans ses sales plaisirs.

Vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte.

Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres.

Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. La Boétie, extrait du Discours de la servitude volontaire Genre du texte : déclamation.

C’est un discours littéraire sur une thèse politique qui est mise à l’épreuve, « essayé » dans le sens montaignien. Genre du texte : déclamation.

C’est un discours littéraire sur une thèse politique qui est mise à l’épreuve, « essayé » dans le sens montaignien. Vocabulaire 1)opiniâtre : têtu, entêté, obstiné 2)receleur : personne coupable d’un recel (=vol, fraude, infraction) 3)larron : voleur.

Les « receleurs du larron » signifie les «voleurs du voleur ». 4)Luxure : recherche déréglé des plaisirs sexuels.

Péché de la chair.

Il fait partie des 7 péchés capitaux avec la gourmandise, l’avarice, l’envie, l’orgueil, la paresse, la colère. Synonyme : lubricité Antonyme : chasteté, pureté. 5)convoitise : désir de posséder une chose qui appartient à autrui, envie. 6)mignarder : qui se montre gracieux, joli, délicat. Recherches préliminaires 1)Qui est La Boétie ?Meilleur ami de Montaigne, écrivain français de la Renaissance, appartenant au mouvement humaniste. 2)Questionnement principal de cette œuvre : comment sortir de la servitude ? Pour sortir de cette domination il faut sortir de l'habitude.

L'homme qui connaît la liberté n'y renonce que contraint et forcé.

Mais ceux qui n'ont jamais connu la liberté « servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n'auraient fait que par contrainte.

La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels.

» Comme le précise La Boétie, « on ne regrette jamais ce que l’on n'a jamais eu ». Ce n'est pas que l'homme nouveau ait perdu sa volonté, c'est qu'il la dirige vers la servitude : le peuple, comme s'il était victime d'un sort, d'un enchantement, veut servir le tyran.

En effet, pour l’auteur du Discours, la domination du tyran ne tient que par le consentement des individus.

Sans ce consentement, la domination ne serait rien : « soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libre».

Les hommes sont responsables de leur assujettissement.... »

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