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Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les heures claires) - Fut-il en nous une seule tendresse

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Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les heures claires) - Fut-il en nous une seule tendresse Fut-il en nous une seule tendresse, Une pensée, une joie, une promesse, Que nous n'ayons semée au-devant de nos pas ? Fut-il une prière en secret entendue, Dont nous n'ayons serré les mains tendues Avec douceur sur notre sein ? Fut-il un seul appel, un seul dessein, Un voeu tranquille ou violent Dont nous n'ayons accéléré l'élan ? Et, nous aimant ainsi, Nos coeurs s'en sont allés, tels des apôtres, Vers les doux coeurs timides et transis Des autres, Ils les ont conviés, par la pensée, A se sentir aux nôtres fiancés, A proclamer l'amour avec des ardeurs franches, Comme un peuple de fleurs aime la même branche, Qui le suspend et le baigne dans le soleil ; Et notre âme, comme agrandie, en cet éveil, S'est mise à célébrer tout ce qui aime, Magnifiant l'amour pour l'amour même, Et à chérir, divinement, d'un désir fou, Le monde entier qui se résume en nous.

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