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Dans quelle mesure la poésie peut-elle être considérée comme une invitation au voyage ?

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De ce point de vue la « chambre » close et dépourvue de fenêtres de la 2e strophe est une allégorie du poème. La poésie est aussi un langage beaucoup plus réglé que la prose : règle des rimes, de l'alternance des rimes, de la mise en forme en strophes... elle doit communiquer l'impression d' « ordre et beauté ». - monde qui ouvre sur tous les univers, mais sans nous y emmener effectivement : le port de la 3e strophe du poème rassemblent des « vaisseaux » qui « viennent du bout du monde » : le port » est par excellence le lieu qui excite l'imaginaire, nous suggère des pays lointains mais ne nous les fait connaître que par notre imagination. Baudelaire lui-même, sans avoir réussi à effectuer de réel voyage au loin, a écrit dans : « A une dame créole » : « Au pays parfumé que le soleil caresse/ J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés/Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,/Une dame créole aux charmes ignorés » : ce poème nous transporte, mais seulement par l'imaginaire. Voir aussi ?La chevelure?, dans les Fleurs du mal : ?La langoureuse Asie et la brûlante Afrique? vivent dans la chevelure d'une femme. Fonction de ce ?voyage? poétique - - Sublimer ses douleurs en les métamorphosant : Henri Michaux, poète belge francophone du XXe siècle, s'exprime par des courts récits en vers libres ou en prose, qui mettent souvent en scène des personnages absurdes, farfelus, imaginaires, ou des animaux étranges (Ailleurs). Dans le texte Plume, il raconte les aventures burlesques du personnage Plume, faible, sans pouvoir sur les évènements, proche de Charlot. Il témoigne avoir réussi avec Plume à transcender ses souffrances personnelles en un personnage détaché de lui, qu'il appelle un « personnage-tampon », qui est apparemment dépourvu de sens. - Ce processus de sublimation s'apparente à la figure poétique de la métaphore : au niveau le plus petit, celui des mots, le fait de comparer un élément qui rappelle la violence et la souffrance à un autre qui ouvre sur d'autres horizons permet le détachement : dans le poème « Harmonie du soir », Baudelaire transforme chaque facteur d'assombrissement et de tristesse en un objet poétique : « le ciel est triste et beau comme un grand reposoir »; le coeur affligé est comme le violon qui « frémit »; le souvenir (qui provoque la souffrance nostalgique) brille « comme un ostensoir ».

« Le poème de Baudelaire L'Invitation au voyage présente le monde imaginaire où le poète veut emmener sa bien-aimée selon trois caractéristiques : c'est un pays flou, qui mêle eau et lumière (strophe une); un pays raffiné et fermé sur luimême (la description de la chambre dans la deuxième strophe); un pays qui se trouve à la croisée de plusieurs mondes lointains (troisième strophe).

Le distique résume : « là, tout n'est qu'ordre et beauté ». Ce sujet demande dans quelle mesure la poésie décrit un monde éloigné du nôtre; il interroge également sur la fonction de la poésie. I.

La poésie nous transporte par l'imaginaire et le langage - monde flou et mystérieux : Dans Approches de la poésie, Roger Caillois souligne le charme énigmatique de la poésie : elle raconte une fable, une parabole dont on devine qu'elle contient une vérité, mais sans savoir laquelle : Le poème “Les 7 épées” d'Apollinaire, dans le recueil Alcools, a l'apparence d'une charade énigmatique, d'une fable mystique, sans pourtant avoir de “solution” : le poète énumère sept noms d'épées et, sur la base de chaque nom inventé, développe une rêverie fantasque, qui ne s'appuie sur rien de réel, mais sur le pur plaisir de la création par l'imaginaire.

L'association des mots "bleu féminin" par exemple ne correspond à aucune réalité concrète, mais transmet l'impression d'une certaine couleur.

On peut prendre comme autre exemple la première strophe de la "Chanson du mal aimé" ("Voie lactée ô soeur lumineuse...") qui du point de vue du langage référentiel ne "veut" rien dire.

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Et elle décrit un monde imaginaire, pittoresque, différent du nôtre qui en fait n'est qu'un monde intérieur (voir la poésie de St John Perse) - - La vérité qui s'exprime dans la poésie est la vérité de l'imaginaire, qui est souvent à rebours de la vérité logique habituelle.

Gaston Bachelard parle par exemple de "la noirceur secrète du lait" : le noir peut-être la couleur du lait dans l'imaginaire poétique, qui s'affranchit de certaines règles de la réalité. - Dans Crise de vers, Mallarmé oppose le langage poétique au langage habituel : il compare le langage habituel à un langage "commercial", qui sert à l'échange (en prenant au pied de la lettre l'expression : un "échange de paroles").

Ce langage commercial a comme but le sens, la rentabilité.

A l'inverse, le vers est gratuit; dans le vers poétique, le langage retrouve sa "virtualité" : il est musique de l'âme.

Mallarmé ironise sur le public littéraire qui veut à tout prix trouver un sens à ce qu'il lit : cette exigence du sens est une "vaine couche suffisante d'intelligibilité que [le poète] s'oblige, aussi, à observer". II.

Contradictions de cette “Invitation au voyage” - Monde flou et ouvert, mais aussi ordonné et fermé sur lui-même : une des caractéristiques de la poésie est qu'elle est « auto-référentielle », c'est-à-dire qu'elle ne renvoie qu'à elle-même, ne délivre aucune clé ni aucun savoir sur notre monde : la seule vérité qu'elle nous communique est celle de sa beauté.

Le mot « poème » vient du grec « poîéô », qui s'apparent à « fabriquer » : le poème est un bel objet ciselé, clôt sur lui-même.

De ce point de vue la « chambre » close et dépourvue de fenêtres de la 2e strophe est une allégorie du poème.

La poésie est aussi un langage beaucoup plus réglé que la prose : règle des rimes, de l'alternance des rimes, de la mise en forme en strophes...

elle doit communiquer l'impression d' « ordre et beauté ». - monde qui ouvre sur tous les univers, mais sans nous y emmener effectivement : le port de la 3e strophe du poème rassemblent des « vaisseaux » qui « viennent du bout du monde » : le port » est par excellence le lieu qui excite l'imaginaire, nous suggère des pays lointains mais ne nous les fait connaître que par notre imagination.

Baudelaire luimême, sans avoir réussi à effectuer de réel voyage au loin, a écrit dans : « A une dame créole » : « Au pays parfumé que le soleil caresse/ J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés/Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,/Une dame créole aux charmes ignorés » : ce poème nous transporte, mais seulement par l'imaginaire.

Voir aussi “La chevelure”, dans les Fleurs du mal : “La langoureuse Asie et la brûlante Afrique” vivent dans la chevelure d'une femme. III.

Fonction de ce “voyage” poétique - - Sublimer ses douleurs en les métamorphosant : Henri Michaux, poète belge francophone du XXe siècle, s'exprime par des courts récits en vers libres ou en prose, qui mettent souvent en scène des personnages absurdes, farfelus, imaginaires, ou des animaux étranges (Ailleurs).

Dans le texte Plume, il raconte les aventures burlesques du personnage Plume, faible, sans pouvoir sur les évènements, proche de Charlot.

Il témoigne avoir réussi avec Plume à transcender ses souffrances personnelles en un personnage détaché de lui, qu'il appelle un « personnage-tampon », qui est apparemment dépourvu de sens. - Ce processus de sublimation s'apparente à la figure poétique de la métaphore : au niveau le plus petit, celui des mots, le fait de comparer un élément qui rappelle la violence et la souffrance à un autre qui ouvre sur d'autres horizons permet le détachement : dans le poème « Harmonie du soir », Baudelaire transforme chaque facteur d'assombrissement et de tristesse en un objet poétique : « le ciel est triste et beau comme un grand reposoir »; le coeur affligé est comme le violon qui « frémit »; le souvenir (qui provoque la souffrance nostalgique) brille « comme un ostensoir ».

Cette transmutation est déjà éloignement, prise de distance, voyage. La poésie est une invitation au voyage, mais qui repose essentiellement sur deux facteurs : d'une part, l'imagination et la capacité à associer une réalité à une autre par la métaphore; d'autre part, la beauté des vers ciselés (ou des vers libres). C'est une invitation au voyage contradictoire, qui ouvre sur tous les horizons mais seulement dans l'imaginaire.. »

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