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Dans l'Antiquité, les Grecs considéraient le théâtre comme un divertissement, mais aussi comme un moyen d'éducation morale au service des citoyens. Pensez-vous que le théâtre français, classique ou romantique, remplisse cette double fonction ? Vous répondrez à la question en vous appuyant sur votre lecture d'On ne badine pas avec l'amour, Phèdre et sur vos lectures personnelles.

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Autrement dit, dans la première définition historique du théâtre - ou plus précisément de la tragédie - divertissement et éducation sont effectivement conjoints, parce que la pièce de théâtre est l'occasion d'un spectacle. De fait, cette double fonction est devenue une caractéristique traditionnelle du genre théâtral. Molière a ainsi le projet de ridendo castigare mores, de corriger les moeurs en riant, c'est-à-dire d'éduquer en divertissant. C'est pourquoi il met en scène des personnages ridicules, proches du type, mettant en valeur les défauts communs du genre humain et les raillant pour que le spectateur - ou même la société en général - puisse prendre conscience de ses propres défauts et les corriger. On retrouve un projet de ce type chez de très nombreux auteurs dramatiques -  ainsi, chez Brecht, qui refuse le divertissement par l'identification aux personnages mais cherche néanmoins à donner une forme de séduction à ses pièces (que l'on pense par exemple aux éléments comiques de La Vie de Galilée), et a pour but déclaré d'encourager les prises de conscience du peuple quant à sa condition et au fonctionnement de la société par ses pièces de théâtre.   II. Peut-on cependant réduire le genre théâtral à cette double fonction ? Sa fonction essentielle n'est-elle pas autre ? Ou encore, peut-on attribuer cette fonction à l'ensemble du genre théâtral, sans distinction ?   Il s'agit en seconde partie de discuter la thèse avancée par le sujet, en s'intéressant à la caractéristique majeure du genre littéraire qu'est le théâtre : son lien nécessaire, ou en tout cas très courant, avec la représentation théâtrale, le spectacle.

« Dans la Grèce antique, le théâtre était considéré à la fois comme un divertissement et un moyen d'éducation des citoyens.

Vous vous demanderez si les oeuvres de théâtre que vous connaissez remplissent cette double fonction et si elles ont d'autres rôles à jouer pour le spectateur ? Définition des termes du sujet Le sujet porte sur la question de la fonction du théâtre, c'est-à-dire sur le rapport que le genre théâtral entretient avec ses récepteurs et la société et sur l'efficace de ce rapport, en donnant une première piste pour y répondre en en appelant à l'exemple du théâtre grec antique : le théâtre aurait une double fonction d'éducation et de divertissement.

Le premier temps de la réflexion devra donc examiner cette première définition de la fonction du théâtre et à mettre en place l'association, qui peut sembler paradoxale, entre éducation et divertissement.

L'éducation est à comprendre au sens large : il ne s'agit pas ici d'un enseignement de type scolaire mais d'un processus général d'amélioration, d'instruction et de perfection du spectateur grâce au théâtre.

On appelle « divertissement » tout spectacle ou toute activité qui égaie, détend ; au sens étymologique, « divertir » signifie « détourner de » : le divertissement est ce qui nous fait voir autre chose que ce que nous en voyons habituellement, cette autre chose étant considérée comme plus agréable, plus légère, et capable de nous faire oublier la difficulté de la vie.

Eduquer et divertir à la fois, c'est donc permettre à l'homme de faire des progrès en lui montrant des choses qui, pourtant, sont différentes de sa vie personnelle et lui procurent du plaisir. Répondre à la question posée par le sujet suppose aussi de s'intéresser à l'essence du genre théâtral : c'est en effet un genre littéraire particulier, puisqu'il est fait pour la lecture mais surtout pour la représentation, contrairement au roman ou à la poésie par exemple, qui sont uniquement lus.

Cela peut expliquer la double fonction dont il est question dans le sujet : aller au théâtre pourrait être en effet à la fois aller assister à un divertissement et aller se laisser éduquer par une grande œuvre, par le biais de la représentation notamment, celle-ci étant dotée alors d'une efficace particulière.

Mais il faudra aussi s'efforcer de définir le théâtre en général, et pas seulement dans les bornes imposées par le sujet : le théâtre pourrait ainsi être aussi défini comme un objet esthétique littéraire qui aurait comme signe distinctif sa vocation à être représenté sur une scène mais qui n'aurait les éléments du divertissement et de l'éducation que comme caractéristiques secondaires ou même accidentelles.

A utrement dit, il va falloir décider à quel point il est pertinent d'avancer en premier lieu les éléments du divertissement et de l'éducation lorsqu'il s'agit de définir la fonction du théâtre, en examinant divers exemples et en réfléchissant d'une manière plus large sur ce qui fait la spécificité du genre théâtral, en particulier en ce qui concerne sa réception par ses spectateurs et/ou lecteurs. Eléments pour le développement I.

Eduquer et divertir : une fonction couramment attribuée au théâtre Le premier moment de la première partie pourra examiner la position « grecque » à laquelle il est fait allusion dans l'intitulé du sujet.

O n la trouve dans la Poétique d'A ristote : A ristote y soutient en effet que le théâtre a pour vocation d'inspirer la terreur et la pitié pour opérer la catharsis, ou purgation des passions (c'est-à-dire extirpations des passions dommageables hors de l'homme), qui peut être comprise comme une forme d'éducation, ou en tout cas d'édification et de perfectionnement du spectateur de l'œuvre théâtrale, ou plutôt, chez Aristote, de la tragédie.

Paradoxalement, cette catharsis, qui pourrait apparaître comme un phénomène violent ou pénible, est un plaisir grâce à la représentation théâtrale qui est divertissante.

Autrement dit, dans la première définition historique du théâtre – ou plus précisément de la tragédie – divertissement et éducation sont effectivement conjoints, parce que la pièce de théâtre est l'occasion d'un spectacle. De fait, cette double fonction est devenue une caractéristique traditionnelle du genre théâtral.

Molière a ainsi le projet de ridendo castigare mores, de corriger les mœurs en riant, c'est-à-dire d'éduquer en divertissant.

C 'est pourquoi il met en scène des personnages ridicules, proches du type, mettant en valeur les défauts communs du genre humain et les raillant pour que le spectateur – ou même la société en général - puisse prendre conscience de ses propres défauts et les corriger.

O n retrouve un projet de ce type chez de très nombreux auteurs dramatiques - ainsi, chez Brecht, qui refuse le divertissement par l'identification aux personnages mais cherche néanmoins à donner une forme de séduction à ses pièces (que l'on pense par exemple aux éléments comiques de La Vie de Galilée), et a pour but déclaré d'encourager les prises de conscience du peuple quant à sa condition et au fonctionnement de la société par ses pièces de théâtre. II.

Peut-on cependant réduire le genre théâtral à cette double fonction ? Sa fonction essentielle n'est-elle pas autre ? Ou encore, peut-on attribuer cette fonction à l'ensemble du genre théâtral, sans distinction ? Il s'agit en seconde partie de discuter la thèse avancée par le sujet, en s'intéressant à la caractéristique majeure du genre littéraire qu'est le théâtre : son lien nécessaire, ou en tout cas très courant, avec la représentation théâtrale, le spectacle.

En premier lieu, est-il pertinent de considérer que le théâtre a pour fonction d'éduquer ? Il semble que le théâtre, parce qu'il se caractérise par sa vocation à être représenté, ait une efficace didactique particulièrement élevée : il se donne en effet toujours comme une expérience collective, opposée à l'expérience de lecture solitaire des romans par exemple, il demande un effort d'investissement moins grand que les autres genres littéraires, et il apparaît donc comme un bon moyen de faire passer des idées morales, des idées nouvelles, ou d'éduquer.

La fonction didactique du théâtre semble alors résider dans sa vocation à la représentation ; on pourrait objecter que toutes les pièces de théâtre ne cherchent pas à éduquer – les pièces appartenant au courant du théâtre de l'absurde, par exemple (Ionesco, Beckett), donnent à voir l'absurdité de la condition humaine (on pourra donner l'exemple d' En attendant Godot, longue et vaine attente, toujours renouvelée par la répétition cyclique des mêmes motifs, de deux personnages : cela ne remplit pas du tout les critères habituels du divertissement), et apparaissent donc comme une antiéducation, un renoncement à l'éducation en raison de l'absurdité du monde : ne peut-on pas considérer toutefois que cette position est formatrice, et que le théâtre remplit alors toujours sa fonction didactique, même si c'est d'une manière paradoxale ? L'exemple du théâtre de l'absurde vaut également pour la question de la fonction divertissante du théâtre.

Il s'agit alors de décider quelle extension on donne à la notion de divertissement : ou bien on lui donne un sens strict, celui d'agrément, et on pose que toutes les œuvres théâtrales n'ont pas pour fonction de divertir ; ou bien on lui donne un sens large et étymologique, celui de détourner l'homme de sa vie individuelle pour lui donner à voir autre chose - Les deux choix sont également valables. Conclusion La définition traditionnelle de la fonction du théâtre, depuis Aristote, se caractérise par son association de l'éducation et du divertissement ; l'histoire du genre théâtral semble s'accorder assez bien avec cette définition, et cela est dû sans doute à la particularité du genre théâtral, qui est sa vocation à être représenté sur une scène, et donc à être un spectacle touchant et agissant sur un grand nombre de spectateurs.

Si l'on donne à l'éducation et au divertissement un sens suffisamment large (en ne réduisant pas l'éducation à l'édification morale ni le divertissement à l'agrément léger), la double fonction didactique et divertissante du théâtre, grâce au rôle qu'y joue la représentation, semble même être un trait définitoire majeur du genre théâtral.. »

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