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Corneille, Le Cid, Acte V, scène 7.

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Corneille, Le Cid, Acte V, scène 7. DON RODRIGUE Ne vous offensez point, sire, si devant vous Un respect amoureux me jette à ses genous. Je ne viens point ici demander ma conquête : Je viens tout de nouveau vous apporter ma tête, Madame ; mon amour n'emploiera point pour moi Ni la loi du combat, ni le vouloir du roi. Si tout ce qui s'est fait est trop peu pour un père, Dites par quels moyens il vous faut satisfaire. Faut-il combattre encor mille et mille rivaux, Aux deux bouts de la terre étendre mes travaux, Forcer moi seul un camp, mettre en fuite une armée, Des héros fabuleux passer la renommée ? Si mon crime par là se peut enfin laver, J'ose tout entreprendre, et puis tout achever : Mais si ce fier honneur, toujours inexorable, Ne se peut apaiser sans la mort du coupable, N'armez plus contre moi le pouvoir des humains : Ma tête est à vos pieds, vengez-vous par vos mains ; Vos mains seules ont droit de vaincre un invicible ; Prenez une vengeance à tout autre impossible ; Mais du moins que ma mort suffise à me punir. Ne me bannissez point de votre souvenir ; Et, puisque mon trépas conserve votre gloire, Pour vous en revancher conservez ma mémoire, Et dites quelquefois, en déplorant mon sort : « S'il ne m'avait aimée, il ne serait pas mort.»

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