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Corneille, Le Cid, Acte IV, scène 5.

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Corneille, Le Cid, Acte IV, scène 5. CHIMÈNE Eh bien ! sire, ajoutez ce comble à mon malheur, Nommez ma pâmoison l'effet de ma douleur : Un juste déplaisir à ce point m'a réduite ; Son trépas dérobait sa tête à ma poursuite ; S'il meurt des coups reçus pour le bien du pays, Ma vengeance est perdue et mes desseins trahis : Une si belle fin m'est trop injurieuse. Je demande sa mort, mais non pas glorieuse, Non pas dans un éclat qui l'élève si haut, Non pas au lit d'honneur, mais sur un échafaud ; Qu'il meurt pour mon père, et non pour la patrie ; Que son nom soit taché, sa mémoire flétrie. Mourir pour le pays n'est pas un triste sort ; C'est s'immortaliser par une belle mort. J'aime donc sa victoire, et je le puis sans crime ; Elle assure l'État, et me rend ma victime, Mais noble, mais fameuse entre tous les guerriers, Le chef, au lieu de fleurs, couronné de lauriers ; Et pour dire en un mot ce que j'en considère, Digne d'être immolée aux mânes de mon père... Hélas ! à quel espoir me laissé-je emporter ! Rodrigue de ma part n'a rien à redouter ; Que pourraient contre lui des larmes qu'on méprise ? Pour lui tout votre empire est un lieu de franchise ; Là, sous votre pouvoir, tout lui devient permis ; Il triomphe de moi comme des ennemis, Dans leur sang répandu la justice étouffée Aux crimes du vainqueur sert d'un nouveau trophée ; Nous en croissons la pompe, et le mépris des lois Nous fait suivre son char au milieu de deux rois. DON FERNAND Ma fille, ces transports ont trop de violence.

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