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Corneille, Le Cid, Acte II, scène 8.

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Corneille, Le Cid, Acte II, scène 8. CHIMÈNE Sire, de trop d'honneur ma misère est suivie. Je vous l'ai déjà dit, je l'ai trouvé sans vie ; Son flanc était ouvert ; et pour mieux m'émouvoir, Son sang sur la poussière écrivait mon devoir ; Ou plutôt sa valeur en cet état réduite Me parlait par la plaie, et hâtait ma poursuite ; Et pour se faire entendre au plus juste des rois, Par cette triste bouche elle empruntait ma voix. Sire, ne souffrez pas que sous votre puissance Règne devant vos yeux une telle licence ; Que les plus valeureux, avec impunité, Soient exposés aux coups de la témérité ; Qu'un jeune audacieux triomphe de leur gloire, Se baigne dans leur sang, et brave leur mémoire. Un si vaillant guerrier qu'on vient de vous ravir Éteint, s'il n'est vengé, l'ardeur de vous servir. Enfin mon père est mort, j'en demande vengeance, Plus pour votre intérêt que pour mon allégeance. Vous perdez en la mort d'un homme de son rang ; Vengez-la part une autre, et le sang par le sang. Immolez, non à moi, mais à votre couronne, Mais à votre grandeur, mais à votre personne ; Immolez, dis-je, sire, au bien de tout l'État Tout ce qu'enorgueillit un si haut attentat. DON FERNAND Don Diègue, répondez. DON DIÈGUE Qu'on est digne d'envie Lorsqu'en perdant la force on perd aussi la vie, Et qu'un long âge apprête aux hommes généreux, Au bout de leur carrière, un destin malheureux ! Moi, dont les longs travaux ont acquis tant de gloire, Moi, que jadis partout a suivi la victoire, Je me vois aujourd'hui pour avoir trop vécu, Recevoir un affront et demeurer vaincu.

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