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Corneille, Le Cid, Acte II, scène 2.

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Corneille, Le Cid, Acte II, scène 2. DON RODRIGUE Oui ; tout autre que moi Au seul bruit de ton nom pourrait tRembler d'effroi. Les palmes dont je vois ta tête si couverte Semblent porter écrit le destin de ma perte. J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur, Mais j'aurai trop de force, ayant trop de coeur. À qui venge son père il n'est rien d'impossible. Ton bras est invaincu, mais non pas invisible. LE COMTE Ce grand coeur qui paraît aux discours que tu tiens Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ; Et croyant voir en toi l'honneur de la Castille, Mon âme avec plaisir te destinait ma fille. Je sais ta passion, et suis ravi de voir Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir ; Qu'ils n'ont point affaibli cette ardeur magnanime ; Que ta haute vertu répond à mon estime ; Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait, Je ne me trompais point au choix que j'avais fait. Mais je sens que pour toi ma pitié s'intéresse ; J'admire ton courage, et je plains ta jeunesse. Ne cherche point à faire un coup d'essai fatal ; Dispense ma valeur d'un combat inégal ; Trop peu d'honneur pour moi suivrait cette victoire : À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. On te croirait toujours abattu sans effort ; Et j'aurais seulement le regret de ta mort. DON RODRIGUE D'une indigne pitié ton audace est suivie : Qui m'ose ôter l'honneur craint de m'ôter la vie !

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