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Charles-Timoléon de SIGOGNE (1560-1611) - Stances

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Charles-Timoléon de SIGOGNE (1560-1611) - Stances Cheveux de couleur de bécasse, Frisés de fort mauvaise grâce, Pantaines* de diables errants, Je ne veux rien de votre tresse, Que six couples et une laisse, Pour conduire mes chiens courants. Beau teint de couleur de châtagne Tributaire du roi d'Espagne, Tu m'eusses peut-être attrapé, Sans que ta peau, jaune et lissée, Semble une levrette graissée, A qui le poil est échappé. Beaux yeux, dont la forme diverse Semble au cul du Sofi de Perse, Je rends ma gorge quand tu ris ; Tu distilles par ta fontaine Plus d'eau que la Samaritaine Qu'on voit au Pont-Neuf de Paris. Beau nez qui n'a rien de difforme, Que la peau, la chair et la forme, J'admire ton rouge canal ; Ton odeur est si pestilente Que la ciguë et l'amarante Ne sauraient faire tant de mal. Bouche odorante comme soufre, Je m'étonne comment tu souffres Ce rat mort il y a dix ans ; Que la male bosse te crève ! Tu parles comme un pot à fève, Tu n'as que quatre vieilles dents. Beaux tétins, durs comme une moufle, De la couleur d'une pantoufle, Quand tu t'habilles les matins, Tu semble une lice avortée Qui, en courant, s'est emportée La peau et la chair des tétins. Mains longues, sèches et galeuses, Pleines de dartres farineuses, Subtiles à tuer les poux, Vous avez les ongles si sales Que les affamés cannibales Mourraient de faim auprès de vous ! Taille par échelons brisée Comme le mont du Colisée, Pointue comme un pavillon, Je veux que le diable m'emporte Si la voûte n'est aussi forte Que la grand tour de Châtillon ! Et toi, grand trou de Saint-Patrice, Tu parais, sans lever la cuisse, Renfrogné comme un vieux magot**, Voir comme un cornet d'écritoire ! Je te tiens pour le purgatoire Et veux devenir huguenot. (*) filets d'oiseleur (**) singe

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