Catulle
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Catulle
Catulle naquit à Vérone dans une famille aisée et très en vue ; son père Valerius fut en une occasion l'hôte de Jules César.
Dans les années 70 avant JC,
Catulle séjourna à Rome où il fréquenta le cercle de jeunes gens cultivés connus comme les " poètes nouveaux ", rencontre qui l'incita à s'installer dans la
capitale et à intégrer la société littéraire en vogue.
A cette époque, la civilisation romaine rayonnait sur un vaste empire, au faîte de son apogée.
Sous cet
âge d'or du monde latin, Catulle écrivait à l'instar de ses contemporains Cicéron, Horace et Virgile dans les villas luxueuses qu'il possédait à Tivoli et à
Sirmione.
Son oeuvre se résume à un recueil de cent seize poèmes, répartis en trois groupes : de courtes pièces lyriques (les nugae), des poèmes plus
longs d'inspiration mythologique et des épigrammes élégiaques.
Son thème favori était l'amour, dont sa maîtresse Clodia, qu'il nommait Lesbie, fut la muse
inspirée, exaltant au gré d'une liaison agitée son génie poétique.
Le cycle des poésies sur Lesbie égrène tous les sentiments amoureux, du bonheur
fougueux de la passion naissante à la douleur du coeur blessé dans l'amour finissant, puis la désillusion.
En 57 avant JC, apprenant la mort de son frère,
Catulle se rendit en Bithynie pour visiter sa tombe.
Il y travailla quelque temps pour le gouverneur provincial, s'acheta un bateau, fit un tour des cités
égéennes puis rentra dans sa villa de Sirmione sur le lac de Garde où il mourut.
Ses poèmes d'amour figurent au nombre des plus beaux vers de l'Antiquité.
Caïus Valerius Catullus naquit peut-être à Sirmione sur le lac de Garde, plus vraisemblablement à Vérone, entre 87 et 84 av.
JC, et mourut entre 57 et 54
av.
JC, âgé d'environ trente ans, selon une tradition répandue par saint Jérôme et acceptée par les derniers commentateurs.
Son père, noble Véronais, eut
l'honneur de donner l'hospitalité à Jules César, personnage que Catulle devait plus tard cribler d'épigrammes, douloureusement ressenties, et d'ailleurs
pardonnées.
Après ses études, le poète se fixa à Rome où il fut honoré d'amitiés illustres, comme celle de Cornélius Népos, et où il honora de la sienne des
hommes moins fameux, dont certains, assez équivoques, auraient même joui de ses amours.
Le principal événement de sa vie semble avoir été un décevant
voyage en Bithynie : parti pour faire une fortune scandaleuse à l'ombre du gouverneur Memmius, Catulle devait revenir déçu.
Il séjourna souvent, et
notamment après son retour d'Asie Mineure, à Sirmione, où il possédait une villa, mais plus fréquemment à Rome au milieu des jeunes gens dépravés et des
vieux jouisseurs dissolus qui commençaient d'y régner.
Dans la foule falote de ses concubins et maîtresses, se distingue essentiellement la femme qu'il a
chantée sous le nom de Lesbie : belle personne en qui l'on s'accorde à peu près à reconnaître une certaine Claudia, soeur de Claudius Pulcher (l'ennemi de
Cicéron) et adultère épouse du consul Metellus Celer, mort en 59 av.
JC, sans doute empoisonné par elle.
Non seulement Catulle ne fut pas le seul bénéficiaire de ses infidélités, mais elle semble, après des désordres multipliés, avoir sombré dans une sorte de
prostitution.
La liaison du grand Véronais avec cette redoutable créature devait cependant durer quatre ans : marquée de toutes les vicissitudes qu'il était
en droit d'attendre, et orageuse à souhait.
Ce poète, mort si jeune après tant d'excès, a laissé une soixantaine de pièces lyriques, auxquelles il faut ajouter L'Épithalame de Julia et de Manlius, le
Chant Nuptial, le poème d'Attis, le long Épithalame de Thétis et de Pelée, et une cinquantaine d'autres poésies non lyriques.
Parmi les premières il s'en
trouve un bon nombre, d'un ton surtout satirique, que le poète a consacrées à de jeunes hommes.
C'est ainsi qu'un certain Juventius, après s'être laissé
prendre " un baiser plus doux que la douce ambroisie " (non sans, d'ailleurs, s'être essuyé la bouche ensuite, de l'aveu même du poète, avec un dégoût
affecté), le quitta pour un rival plus jeune encore que leurs prétendues amours.
Ce que chantant, on est en droit de se demander si Catulle ne sacrifiait pas à
une simple mode littéraire.
Il est autrement chaud et convaincu lorsqu'il s'adresse à une Ipsithilla, invitée à l'attendre chez elle pour neuf assauts
consécutifs, à une Aufilena, sévèrement accusée d'avoir, contre promesse folâtre, reçu de lui une certaine somme et conservé l'argent sans donner ses
faveurs, surtout à cette Lesbie qui eut vraisemblablement le privilège exclusif de le faire aimer et souffrir.
Il avait été sensible à ses jeunes grâces.
Chacun connaît le compliment, gracieux à proportion, qu'il adressa au moineau de la belle : " Moineau, délices de
ma vie, avec qui souvent elle s'amuse, qu'elle tient dans son sein, qu'elle agace en lui donnant le bout de son doigt, et dont elle provoque les ardentes
morsures...
que ne puis-je, comme elle, jouer avec toi et apaiser les tristes soucis de mon coeur " ; on récite dans les classes les plaintes, quelque peu
précieuses, qu'il a poussées sur la mort du même oiseau : " Pleurez, les Vénus ; pleurez, les Amours...
Il est mort, le moineau de ma mie, qu'elle aimait plus
que ses yeux.
Car il était tout de miel, et il la reconnaissait aussi bien qu'une fille sa mère.
Et maintenant il va par le chemin ténébreux d'où l'on dit que nul
ne revient.
" Quoi qu'il ait pu en être de cette première innocence, Lesbie fait figure, dans la suite, de maîtresse ardente, très ardente.
Puis, tout à coup, ce
fut la trahison, le congé, l'abandon, et ce mariage de Lesbie qui allait être pour elle le marchepied de la pire débauche.
La déchéance de la bien-aimée
semble avoir trouvé le poète particulièrement sensible, à moins qu'il n'y ait vu le meilleur aliment à sa rage : " Qu'elle vive, et grand bien lui fasse avec ses
galants, qu'elle tient embrassés trois cents à la fois, sans en aimer vraiment un seul, sans se lasser de leur crever les flancs à tous...
" Et, devant le lupanar
où Lesbie est tombée : " Ainsi, cette femme qui s'est échappée de mon sein, aimée de moi comme aucune ne sera jamais aimée, et pour qui j'ai livré mainte
grande bataille, s'est assise là ! " Sa jalousie, toutefois, trouve des cris plus touchants devant le bonheur du mari : " Il me semble être l'égal d'un dieu...
celui qui, assis à côté de toi, te voit souvent, et t'entend, doucement riante...
" En dépit de toutes ses furieuses révoltes, de toutes ses laborieuses
résignations, Catulle devait être trop heureux de reprendre pour un temps (les dieux savent dans quel état) cette amante si injuriée : " Grande joie éprouve
mon âme, joie plus précieuse que l'or, quand tu me reviens, Lesbie, à moi qui te désire, et que de toi-même, contre toute espérance, tu te portes de nouveau
vers moi.
Ô jour à marquer d'une pierre bien blanche ! " A ces concupiscences plus tenaces que les rancunes, à ces fureurs suivies de tendresses, à cette
merveilleuse faiblesse enfin, se reconnaît bien l'amant de jadis et de toujours : aussi bien les amants n'ont-ils jamais manqué de s'y reconnaître, et le poète
s'est-il conservé de siècle en siècle autant sur les tables de chevet que sur les rayons des bibliothèques.
Le beau roman que constituent les vingt-quatre pièces inspirées par Lesbie est assurément le chef-d'oeuvre de Catulle.
On y admire, dans l'expression,
non sans retenue, d'un authentique amour, une sincérité dont la poésie antique et même la moderne offrent peu d'exemples.
Si glorieuse que soit, de la
même plume, l'épisode d'Ariane dans l'Épithalame de Thétis et de Pelée, avec l'apparition de la princesse abandonnée au bord des eaux dans sa nudité de
désespoir :
Non contecta levi velatum pectus amictu,
Non tereti strophio lactentes vincta papillas...
C'est pour avoir célébré la maîtresse d'un moineau et la pensionnaire d'une maison close que Catulle reste et, je pense, restera.
Honorer seulement en lui le
poète personnel, ce serait, d'ailleurs, méconnaître un artiste du vers qui prend place, immédiatement après Virgile, Horace et Lucrèce, à coup sûr avant
Ovide et Properce, dans l'élite des bardes romains.
Et le traiter, à la moderne, de " Musset latin ", avec cette naïveté qui nous fait juger les mérites des
anciens d'après ce que nous croyons être les nôtres, c'est oublier tout ce qui oppose son classicisme sobre et dense aux emphases, aux prolixités
romantiques..
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