Balzac, Le Lys dans la vallée.
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«
Sujet: Balzac, Le Lys dans la vallée.
Aussitôt je sentis un parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la
poésie orientale.
Je regardai ma voisine, et fus plus ébloui par elle que je ne l'avais été
par la fête; elle devint toute ma fête.
Si vous avez bien compris ma vie antérieure, vous
devinerez les sentiments qui sourdirent en mon coeur.
Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles
j'aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir
comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui
avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie.
Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus
hardi que ma main.
Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus
complètement fasciné par une gorge chastement couverte d'une gaze, mais dont les globes azurés et d'une
rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle.
Les plus légers détails de cette
tête furent des amorces qui réveillèrent en moi des jouissances infinies: le brillant des cheveux lissés audessus d'un cou velouté comme celui d'une petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et
où mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre l'esprit.
Après m'être assuré que
personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et
je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête.
Introduction
Balzac a commencé l’écriture du Lys dans la vallée en 1835 et celui-ci sera publié l’année suivante.
Ce roman fait
partie du cycle « Etudes de mœurs » et est le premier des romans des « Scènes de la vie de Province.
» L’originalité de
cette œuvre tient au fait que ce roman es t structuré en deux parties : la première, la plus longue, est une lettre du
narrateur le comte Félix de Vandenesse à la comtesse Nathalie de Manerville à qui il fait le récit de sa vie et de son
amour pour Mme de Berny.
La seconde partie, beaucoup plus courte, est la réponse de la comtesse Nathalie de
Manerville.
L’extrait que nous avons a été étudier est le récit du souvenir de la première rencontre entre les deux
protagonistes.
Comment aux travers de ce récit le lecteur peut-il dès lors envisager la nature de la relation qui liera ces deux
personnages, et de quelle manière Balzac traduit les sentiments liés aux émotions suscitées par l’échange d’un premier
regard ?
I : Premier regard
II : Le réalisme balzacien au service des sentiments : l’art de la nuance
III : Les indices qui permettent dès cette première rencontre d’imaginer la nature de la relation entre les deux
personnages.
I : Description d’une scène de « première rencontre »:
1)
le champ lexical axé autour du sens de la vue : « Je regardai ma voisine, et fus plus ébloui… », « Mes yeux
furent tout à coup frappés… » « le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main ».
« Je me haussai
tout palpitant pour voir le corsage »
2)
évocation sensuelle : de l’odorat, à la vue mais aussi au toucher, cette scène est décrite avec beaucoup de
sensualité.
En effet, Balzac fait correspondre des sensations, et se dégage de cette description une puissante
sensualité : « Aussitôt je sentis un parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la poésie
orientale » : correspondance lyrique entre la vue, l’odorat et les sons qui évoque le coup de foudre.
Le
sentiment amoureux est clairement exprimé dès le premier paragraphe de ce texte, et le narrateur.
Cet extrait
de roman réaliste n’en est pas pour autant moins lyrique, et le romancier ne s’attache pas seulement à faire le
portrait de la femme aimée, il décrit aussi l’évolution de son désir et de son attirance pour cette femme qu’il
découvre pour la première fois et dont il tombera éperdument amoureux par la suite.
Or, il s’agit d’une femme
mariée qui, tout en acceptant son amitié, ne succombera pas à la passion qui l’incombe.
3)
Le point de vue est dans cet extrait celui du narrateur qui raconte a posteriori cet instant inoubliable : le
lecteur, s’il arrive à se figurer la silhouette, le visage de la femme ne connaît toujours pas ses sentiments à elle.
Gradation sensorielle qui enveloppe le narrateur ; tout d’abord il est attiré par une odeur, puis par le physique
pour atteindre enfin l’esprit.
Il est envahi par cette présence qu’il découvre et dès lors il avoue que « tout me
fit perdre l'esprit »..
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