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Article le "FANATISME" de Voltaire (Dictionnaire philosophique)

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Le Dictionnaire philosophique est sans doute l'un des ouvrages philosophiques les plus importants que Voltaire ait écrits. Le choix de la formule était heureux : ce Dictionnaire portatif, par sa maniabilité et la facilité de sa diffusion, rendait en effet l'arme du polémiste d'autant plus efficace et en étendait la portée. Voltaire y a exprimé l'essentiel de sa critique sociale, politique, religieuse, et, dans cet article qui fustige le fanatisme, il reprend une lutte qu'il n'a jamais cessé de mener contre ce qu'il considère comme le plus absurde et le plus néfaste dans une société : l'intolérance. A côté de cette violente critique nous découvrons l'optimisme de l'auteur, sa confiance dans la raison et en définitive dans l'homme. Nous pouvons toutefois nous demander si cette confiance, assez générale au xvme siècle, n'était pas excessive.

« INTRODUCTION Le Dictionnaire philosophique est sans doute l'un des ouvrages philosophiques les plus importants que Voltaire ait écrits.

Le choix de la formule était heureux : ce Dictionnaire portatif, par sa maniabilité et la facilité de sa diffusion, rendait en effet l'arme du polémiste d'autant plus efficace et en étendait la portée.

Voltaire y a exprimé l'essentiel de sa critique sociale, politique, religieuse, et, dans cet article qui fustige le fanatisme, il reprend une lutte qu'il n'a jamais cessé de mener contre ce qu'il considère comme le plus absurde et le plus néfaste dans une société : l'intolérance.

A côté de cette violente critique nous découvrons l'optimisme de l'auteur, sa confiance dans la raison et en définitive dans l'homme.

Nous pouvons toutefois nous demander si cette confiance, assez générale au xvme siècle, n'était pas excessive. I.

VOLTAIRE ET LE FANATISME Une définition.

Avec la clarté qui le caractérise et ce don de l'image qui rend ses démonstrations si probantes, Voltaire analyse d'abord le fanatisme et justifie d'avance sa critique dans la définition à laquelle cette analyse tout naturellement le conduit. La superstition {folie dans le sens de déraison) est ennemie de l'homme.

Le fanatisme l'est doublement : non seulement il le corrompt, mais il corrompt ses rapports avec ses semblables (« celui qui soutient sa folie par le meurtre »). Il s'agit de l'ennemi par excellence de l'être, de la vie ; c'est une maladie grave, presque incurable (« épidémique », « peste », « accès de rage »). Voltaire en donne la preuve par l'étude d'un cas typique : les convulsionnaires.

Ce choix, comme le terme même de superstition qui apparaissait dès la première ligne, montre déjà que Voltaire rend par-dessus tout la religion responsable de ce dérèglement. La recherche d'un remède, les faux remèdes.

La recherche d'une prescription contre cette dangereuse maladie nous le confirme.

En feignant adroitement de considérer un instant la religion comme remède possible, Voltaire nous fait un de ses clins d'œil habituels et l'ironie qui préside au répertoire des crimes bibliques — Aod, Judith, Samuel — présentés comme des faits divers, et à la vertueuse indignation qui suit, fait encore ressortir la vanité de cette religion.

Elle est en contradiction avec elle-même car son histoire n'est justement qu'une succession d'actes de fanatisme et elle se propose comme remède pour une maladie dont elle est elle-même la cause.

Si Voltaire se tourne vers les lois pour y chercher un remède possible, c'est encore par ruse, pour avoir l'occasion d'accuser une fois de plus la religion, puisqu'elle empêche de les entendre, emplissant ses disciples de vanité et de satisfaction de soi (« l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois »). Le vrai remède.

C'est l'esprit philosophique qui constitue la seule arme efficace contre cette « peste des âmes ». Voltaire ne le définit pas mais nous savons ce que cette étiquette recouvre d'ardeur à combattre le principe d'autorité.

« Le philosophe, dit Y Encyclopédie, n'admet rien sans preuve ; il n'acquiesce point à des notions trompeuses ; il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux.

» C'est cet esprit critique s'exerçant dans tous les domaines qui rend tolérant, fraternel et qui peut seul garantir le bonheur et la paix dans le meilleur des mondes possible. II.

DANS QUELLE MESURE PEUT-ON PARTAGER LA CONFIANCE DE VOLTAIRE ? On aimerait pouvoir partager la confiance de Voltaire en la raison, sa foi dans l'homme.

C'est d'ailleurs cette confiance et cette foi qui donnent à son œuvre la seule chaleur qu'elle possède. ROUSSEAU 93 Les accents bouleversants de ses lettres, comme ceux de ses appels en faveur des Calas, Sirven, Lally-Tollendal, victimes du fanatisme, en sont la preuve. Encore faudrait-il que les hommes soient des hommes éclairés, doués d'intelligence, de culture, informés de tout, et suffisamment forts moralement pour résister aux séductions de l'intérêt et de Pégoïsme.

Voltaire lui-même refusait au commun des hommes la possibilité d'accéder à cette « lumière » de l'esprit philosophique puisqu'il recommandait de ne pas enlever au peuple la religion, garante d'un certain ordre.

Ne fit-il pas construire une église à Ferney pour ses paysans ? Sa confiance dans l'homme était donc sélective et si la raison n'est que l'apanage d'une élite, elle porte en elle ses limites et celles de son action. CONCLUSION L'histoire est jalonnée d'événements qui, du fait divers aux guerres mondiales, confirment le scepticisme de Voltaire, scepticisme qui, s'il ne se montre pas dans cet article du Dictionnaire, se fait jour dans son action personnelle et dans les faits de sa vie. Nous pouvons donc partager avec enthousiasme la dévotion de Voltaire pour la raison mais non la confiance utopique qu'il met dans les possibilités de son action.. »

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