Arthur RIMBAUD (1854-1891) (Recueil : Derniers vers) - Jeune ménage
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Arthur RIMBAUD (1854-1891) (Recueil : Derniers vers) - Jeune ménage La chambre est ouverte au ciel bleu-turquin ; Pas de place : des coffrets et des huches ! Dehors le mur est plein d'aristoloches Où vibrent les gencives des lutins. Que ce sont bien intrigues de génies Cette dépense et ces désordres vains ! C'est la fée africaine qui fournit La mûre, et les résilles dans les coins. Plusieurs entrent, marraines mécontentes, En pans de lumière dans les buffets, Puis y restent ! le ménage s'absente Peu sérieusement, et rien ne se fait. Le marié a le vent qui le floue Pendant son absence, ici, tout le temps. Même des esprits des eaux, malfaisants Entrent vaguer aux sphères de l'alcôve. La nuit, l'amie oh ! la lune de miel Cueillera leur sourire et remplira De mille bandeaux de cuivre le ciel. Puis ils auront affaire au malin rat. - S'il n'arrive pas un feu follet blême, Comme un coup de fusil, après des vêpres. - Ô spectres saints et blancs de Bethléem, Charmez plutôt le bleu de leur fenêtre !
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