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André CHÉNIER (1762-1794) (Recueil : Elégies) - A Fanny (III)

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André CHÉNIER (1762-1794) (Recueil : Elégies) - A Fanny (III) Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire Sait, à te voir parler et rougir et sourire, De quels hôtes divins le ciel est habité. La grâce, la candeur, la naïve innocence Ont, depuis ton enfance, De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté. Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse, Elles ont su mêler aux roses de jeunesse Ces roses de pudeur, charmes plus séduisants, Et remplir tes regards, tes lèvres, ton langage, De ce miel dont le sage Cherche lui-même en vain à défendre ses sens. Oh ! que n'ai-je moi seul tout l'éclat et la gloire Que donnent les talents, la beauté, la victoire, Pour fixer sur moi seul ta pensée et tes yeux ; Que, loin de moi, ton coeur fût plein de ma présence, Comme, dans ton absence, Ton aspect bien-aimé m'est présent en tous lieux ! Je pense : Elle était là ; tous disaient : " Qu'elle est belle ! " Tels furent ses regards, sa démarche fut telle, Et tels ses vêtements, sa voix et ses discours. Sur ce gazon assise, et dominant la plaine, Des méandres de Seine, Rêveuse, elle suivait les obliques détours. Ainsi dans les forêts j'erre avec ton image ; Ainsi le jeune faon, dans son désert sauvage, D'un plomb volant percé, précipite ses pas. Il emporte en fuyant sa mortelle blessure ; Couché près d'une eau pure, Palpitant, hors d'haleine, il attend le trépas.

« André Chénier, Élégies, « À Fanny » (III). 1.

Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire 2.

Sait, à te voir parler et rougir et sourire, 3.

De quels hôtes divins le ciel est habité. 4.

La grâce, la candeur, la naïve innocence 5.

Ont, depuis ton enfance, 6.

De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté. 7.

Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse, 8.

Elles ont su mêler aux roses de jeunesse 9.

Ces roses de pudeur, charmes plus séduisants, 10.

Et remplir tes regards, tes lèvres, ton langage, 11.

De ce miel dont le sage 12.

Cherche lui-même en vain à défendre ses sens. 13.

Oh ! que n'ai-je moi seul tout l'éclat et la gloire 14.

Que donnent les talents, la beauté, la victoire, 15.

Pour fixer sur moi seul ta pensée et tes yeux ; 16.

Que, loin de moi, ton coeur fût plein de ma présence, 17.

Comme, dans ton absence, 18.

Ton aspect bien-aimé m'est présent en tous lieux ! 19.

Je pense : Elle était là ; tous disaient : " Qu'elle est belle ! " 20.

Tels furent ses regards, sa démarche fut telle, 21.

Et tels ses vêtements, sa voix et ses discours. 22.

Sur ce gazon assise, et dominant la plaine, 23.

Des méandres de Seine, 24.

Rêveuse, elle suivait les obliques détours. 25.

Ainsi dans les forêts j'erre avec ton image ; 26.

Ainsi le jeune faon, dans son désert sauvage, 27.

D'un plomb volant percé, précipite ses pas. 28.

Il emporte en fuyant sa mortelle blessure ; 29.

Couché près d'une eau pure, 30.

Palpitant, hors d'haleine, il attend le trépas. André Marie de Chénier, dit André Chénier (1762 -1794) : poète qui est mort guillotiné pendant la Terreur.

Jeune homme, il côtoie l'élite intellectuelle et artistique dans le salon qu'ouvre sa mère.

Il y puise une intelligence de la culture antique et de celle des Lumières.

Ses premiers vers, les Bucoliques, sont publiés en 1785.

La Révolution enthousiasme Chénier, qui fonde la « Société de 89 » mais cependant, vite alarmé par l'ampleur de la violence, il lance un « Avis au peuple français sur ses véritables ennemis », dans lequel il fustige les Jacobins.

Enfermé dans la prison de Saint-Lazare, il y compose ses plus beaux vers.

Il est guillotiné deux jours avant la chute de Robespierre.

Homme de combat, c'est aussi pratiquement le seul poète du XVIIIe siècle dont l'Histoire ait retenu le nom.

Ses œuvres ne sont publiées qu’au début du XIXe siècle. « À Fanny » : • Poème composé de 5 strophes de 6 vers > 5 sizains. • 30 vers dont 25 alexandrins et 5 hexamètres (= moitiés d’alexandrin).

Dans chaque strophe, le 5e vers est un hexamètre.. »

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