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Alphonse BEAUREGARD (1881-1924) (Recueil : Les alternances) - Déclaration

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Alphonse BEAUREGARD (1881-1924) (Recueil : Les alternances) - Déclaration Femme, sitôt que ton regard Eut transpercé mon existence, J'ai renié vingt espérances, J'ai brisé, d'un geste hagard, Mes dieux, mes amitiés anciennes, Toutes les lois, toutes les chaînes, Et du passé fait un brouillard. J'ai purifié de scories Mes habitudes et mes goûts ; J'ai précipité dans l'égout D'étourdissantes jongleries ; J'ai vaincu l'effroi de la mort, Je me suis voulu libre et fort, Beau comme un prince de féerie. J'ai franchi les rires narquois, Subi des faces abhorrées, Livré mes biens à la curée Afin de m'approcher de toi. Devant moi hurlaient les menaces, J'ai méprisé leurs cris voraces Et j'ai marché, marché tout droit. J'ai découvert, pour mon offrande, Un monde fertile en plaisirs ; J'ai pesé tes moindres désirs, Je sais où vont les jeunes bandes, Je connais théâtres et bals ; J'ai dans les mains un carnaval, Dans le coeur, ce que tu demandes. Pour la rencontre, j'ai prévu Quand je pourrais quitter l'ouvrage, La route à suivre, un temps d'orage, Et jusqu'au perfide impromptu. J'ai tremblé que point ne te plaisent Les tapis, les miroirs, les chaises. J'ai tout préparé, j'ai tout vu. J'ai mesuré mon art de plaire, Mes faiblesses et ma fierté, Les mots, l'accent à leur prêter ; J'ai calculé d'être sincère, Triste ou gai, confiant, rêveur. Je me suis paré de pudeur, De force et de grâce légère. Et me voici, prends-moi, je viens Frémissant, comme au sacrifice, T'offrir, à toi l'inspiratrice, Mon être affamé de liens, Mon être entier qui te réclame. Donne tes mains, donne ton âme, Tes yeux, tes lèvres... Je suis tien.

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