Non cuivis homini contigit adire Corinthum
Publié le 28/03/2022
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Non cuivis homini contigit adire Corinth11m
Il n'est pas permis à tout le monde d'atteindre Corinthe
Cette expression d'Horace (Ep., 1, 17, 36) rappelle qu'il n'est pas
donné à tout le monde d'atteindre ses objectifs.
Il s'agit en fait de la traduction d'un proverbe grec (où uavTos àv6pos Ès K6pLv8ov Ëa8' o
TTÀoû~, >)
dont la première attestation remonte à un fragment incertain
d'Aristophane (928 K.-A.), cité par Hésychios (o 1799: mais on ne
sait pas exactement si le lexicographe cite le comique ou son homonyme philologue alexandrin: cf.
362 Slater).
Quoi qu'il en soit, ce
proverbe est connu par la comédie grecque : il est notamment parodié
par Nicolaus, auteur du quatrième siècle (fr.
1, 26 K.-A.
: où 1TavTos
àv6pos È1rl Tpa,rf,av Ëa8' o 1rXoûs, >) et Cratinos y faisait probablement allusion (cf.
fr.
336 K.-A.).
La fo11,111le est également anestée
par tElius Aristide (Or., 40 [ 1, 755 Dindorf]) et Aulu-Gelle ( 1, 8, 4) la
.
'
cita a son tour en rapportant une anecdote sur Démosthène qu'il dit
avoir lue chez le péripatéticien Sotion : le célèbre orateur se serait
rendu déguisé à Corinthe pour y rencontrer la courtisane Laïs, dont la
beauté et les tarifs étaient légendaires: mais celle-ci lui aurait demandé
la somme de dix mille drachmes en échange de ses services, contraignant Démosthène à une retraite peu glorieuse.
Les auteurs antiques
expliquent en général ce proverbe en rappelant que Corinthe était
célèbre pour ses commerces de plaisirs, exclusivement réservés aux
riches.
les prix pratiqués y étant particulièrement élevés : cf.
notamment un passage fort divertissant d'Aristophane (Ploutos, 149-1S2)
mais aussi deux passages de Strabon (8, 6, 20; 12, 3, 36), repris par
Eustathe (Commentaire sur l 'Jliade, 2, 570 [ 1, 448, 1-S Van der Valk])
et diverses attestations lexicographiques et parémiographiques (Photius
J60..
18-22 P.
; Souda c, 924 ; Apost.
13, 60, ainsi que Zenob.
Ath.
1,
'2.7: Zenob.
vulg.
5, 37: Diogen.
7, 16); plus généralement.
Hésychios
(/.
c.) fait référence aux impostures des hétaïres et une exégèse toute
différente - rapportée par Apostolius, Photius et la Souda - soulignait
simplement combien il était difficile de naviguer jusqu'à Corinthe.
En
réalité, vu le sens qu'Horace attribuait au proverbe, Corinthe symbolisait sans doute l'objectif que se fixaient tous les marins, mais que peu
d'entre eux atteignaient: c'est déjà le sens que prenait cette expression
au Moyen-Age et celui qu'il conserva à l'époque moderne: cf.
Walther
17421 ; 17610a; 17860, cf.
aussi Jean de Salisbury, Policraticus, 6,
23 ; Josse Bade, Epistula dedicatoria de I'ln Parthenicen Catharinariam Baptiste Mantuani; Evrard d'Ypres, Dialogus Ratii et
Everardi, 256, et Erasme, Adagia, 1, 4, 1 : Non est cuiuslihet Corinrhum appellere - les traductions française, espagnole et allemande de
cette expression étant encore utilisées de nos jours de même que leurs
nombreuses variantes : cf.
en italien Non tutti possono andare a Roma
e vedere il papa ; en allemand Es kann nicht jeder um Ablass nach
Rom ziehen et Es haben nicht aile das Glück an den Ho/ zu reiten
(c'est-à-dire:.
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