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VIAN Boris 1920-1959

VIAN Boris 1920-1959
Poète, auteur de théâtre, et romancier, né à Ville-d'Avray. Sa mort à trente-neuf ans l'a élevé au rang des symboles. D'une époque : cet introuvable après-guerre (et le « ouf! » quasi universel qu'il apportait avec lui). D'un lieu : le Paris du quartier Saint-Germain-des-Prés dont il avait composé le Manuel dès 1950 (posthume, 1974). Gloire en deux temps, d'ailleurs, que celle-là : le grand public a surtout connu l'auteur scandaleux de J’irai cracher sur vos tombes (1946, sous le nom de Vernon Sullivan); et, aussi, le «personnage », véritablement frégolique, de cet acteur-poète-chansonnier qui revenait vers le public, l'instant d'après, déguisé en ingénieur à l'AFNOR, puis en trompettiste au «Tabou»; puis en journaliste aux Temps modernes de Sartre (1946 à 1948, Chroniques du menteur), à Jazz Hot (les Chroniques de jazz seront rassemblées en volume, 1969), ou à Combat (1948 et 1949), ou même dans telle feuille éphémère et audacieuse, qui avait repris un titre de Jules Vallès, La Rue (12 juillet 1948, article sur « Sartre et la merdre »). «Je me disperse, dites-vous? Je suis un fantaisiste qui ne fais que ce qui me plaît » ; à quoi il ajoutait : «... par exemple ma traduction des mémoires du général Omar N. Bradley» (Histoire d’un soldat, 1952) et de quelque vingt ouvrages de littérature dite commerciale. Vian oubliait toujours de citer, aussi, ce chef-d’œuvre, La Dame du lac, de Raymond Chandler (1948), traduit en collaboration avec sa première femme, Michèle. Ses œuvres véritables, connues et admirées des seuls lettrés (Sartre, par exemple; ou Queneau et l’ensemble du Collège de Pataphysique, qui le hissa au grade de Transcendant Satrape) seront accueillies avec enthousiasme au lendemain de sa mort. D’où ci-après, pour chaque œuvre, la date de première publication et la date de l’édition tardive, voire posthume (la véritable « sortie » du livre).
Romans, d’abord: L'Écume des jours (1947,1960), « le plus poignant des romans d’amour contemporains», a écrit Queneau; L’Automne à Pékin (1947, 1956), où il n’est question ni de Pékin ni de l’automne; L’Herbe rouge (1950, 1962) où un maquignon présidera - chapitre XI -à la« foire aux vieux »; Les Fourmis, recueil de nouvelles (1949,1960). Son œuvre de « dramaturge » (le mot lui plaisait par son enflure), réunie en 1971 dans Théâtre 1 et 2, a eu la chance d’être (parfois) jouée et applaudie de son vivant, du fait de l’existence de « scènes d’avant-garde »: Les Bâtisseurs d'empire (publié en février 1959,joué en 1964), Le Goûter des généraux (écrit en 1951, publié en 1962). Quant à ses poèmes (souvent mêlés malencontreusement, dans divers recueils actuels, à ses chansons, destinées à un public très «médiatisé»), le premier recueil publié reste sans doute le meilleur: Je voudrais pas crever (écrit en 1953, édité en 1962). Ajoutons deux curieux (et d’ailleurs très sérieux) poèmes d’opéra : La Chevalier de neige (1953, musique de Georges Delerue) et Fiesta (1959, Darius Milhaud).


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