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ROSTAND Edmond 1868-1918

ROSTAND Edmond 1868-1918
Auteur dramatique né à Marseille. Son fougueux Cyrano de Bergerac (1897), chef-d’œuvre de littérature populaire, survit joyeusement à bien des « pièces à problème » de l’époque (Les Fossiles de Curel, Les Tenailles d’Hervieu, Les Avariés de Brieux). De ses autres ouvrages, on pourrait revoir sur scène avec plaisir, aujourd’hui encore, La Samaritaine, oratorio baroque, assez irrespectueux parfois pour son sujet, à force de faconde (1897), et surtout Chantecler (1910), l’œuvre la plus chaleureuse de Rostand, la plus débordante d’allégresse, de poétique fantaisie : pièce à lire, non à jouer, a-t-on répété depuis un siècle ; or nous savons aujourd’hui, du fait de la foudroyante intuition scénique dont fit preuve Jérôme Savary au Théâtre de Chaillot, que l’œuvre sonne, à merveille, et qu’elle « passe la rampe ». Seul mécompte dans ce théâtre de la gentillesse : L'Aiglon ; pièce ampoulée et cocardière, de nos jours indéfendable (elle ne peut s’expliquer que par sa date - 1900 - et par le « complexe d’infériorité national » que connut la France entre 1870 et 1914). Edmond Rostand est un cas. La vertu qui vaut encore à certaines de ses pièces une place enviée dans la mémoire du public bon enfant (vertu que chaque génération nouvelle vient d’ailleurs confirmer) n’est pas faite, comme on l’a trop dit, de facilité, mais d’une sorte de générosité naïve, et aussi de prouesse, d’éclatante maîtrise dans la technique de la scène, tout autant que dans la technique du verbe théâtral.
Aussi bien les ouvrages les plus réussis de Rostand, et même ses « fours », à l’époque, comme Chantecler (preuve, au demeurant, que ce poète ne se souciait pas toujours de quêter le succès à coup sûr), sont-ils un véritable exercice pour l’homme de métier ; Giraudoux, en particulier, admirait ce théâtre, le louait hautement, le « pratiquait », l’imitait à l’occasion (et l’on pourra comparer telle de ses sorties de scène, dans Judith, avec La Princesse lointaine de Rostand, fin de l’acte II).

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