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rondel rondet rotrouenge rubrique, rubricateur rythme

rondel. A l’origine, même mot que rondeau. Les deux mots ont commencé par désigner la même forme, puis se sont distingués légèrement : le rondel est un poème sur deux rimes, fondé sur la répétition en refrain des deux premiers vers à la fin du Second quatrain et à la fin de la troisième strophe, qui clôt le poème. Il peut arriver que seul le premier vers soit ainsi répété à la fin. On a donc ABba abAB abbA(B). Voici un rondel de Tristan Corbière qui comporte de légères variations par rapport à la forme canonique :

Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles !
Il n’est plus de nuits, il n’est plus de jours;
Dors... en attendant venir toutes celles
Qui disaient : Jamais ! Qui disaient :
Toujours ! Entends-tu leurs pas ?... Ils ne sont pas lourds :
Oh l les pieds légers ! — l’Amour a des ailes...
Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles !
Entends-tu leurs voix ?...
Les caveaux sont sourds.
Dors : il pèse peu, ton faix d’immortelles ;
Ils ne viendront pas, tes amis les ours,
Jeter leur pavé sur tes demoiselles...
Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles !

rondet (n. m.). Chanson de quelques vers qui accompagnait une ronde (la carole), et que l’on trouvait dans des ensembles plus vastes (romans courtois). Le rondet est la forme qui a ensuite engendré le triolet, le rondeau et le rondel.

rotrouenge (n. f.). Au Moyen Age, sorte de chanson à refrain, formée de strophes semblables, généralement monorimes, comprenant une succession linéaire de vers, sans organisation prédéfinie. Son identité est surtout musicale, d’où la difficulté de définir des critères poétiques formels.


rubrique, rubricateur. Dans les manuscrits médiévaux, on appelle rubrique un mot, un groupe de mots, une partie de texte écrits à l’encre rouge (du latin ruber, « rouge »). Les copistes-rubricateurs ont pris l’habitude d’utiliser cette encre pour faire mieux apparaître les articulations d’un texte (titres de chapitres, résumés du contenu qui va suivre) ; par extension, le terme désigne ces titres ou ces résumés, même s’ils ne sont pas écrits à l’encre rouge. Exemple de rubrique (Mabrien, manuscrit du XVe siècle) : Comment Mabrien conquist les XVI chevaliers, l’entrée du chastel et l'amour de la noble damoiselle Gracienne. L’articulation peut être soulignée par une miniature placée après la rubrique dont elle illustre la teneur.

rythme (du grec rhuthmos, « mouvement réglé et mesuré »). Longtemps confondu avec le mot rime par fausse étymologie, le rythme est un concept très difficile à définir de manière satisfaisante. La définition de base se réfère au retour régulier d’un repère constant. Mais il n’y a pas de rythme sensible, empreint de la marque du sujet, sans variations qui viennent s’inscrire dans ce rythme de base. Dans le système français, la base est représentée par des groupements syllabiques (mètres pour la poésie versifiée traditionnelle, groupements syllabiques plus variables sinon), et les variations s’établissent selon des modulations diverses (effets de concordance ou de discordance, répartition des accents syntaxiques, phénomènes de répétition comme les anaphores, effets de chiasme ou de parallélisme, structuration des assonances et allitérations...). L’analyse du rythme, aussi bien pour la poésie que pour la prose, se révèle mouvante et fuyante parce quelle met en jeu de manière concomitante quantité de paramètres qui se superposent et se combinent de manière plurielle alors que l’effet est celui d’une unité. Prenons pour exemple ce quatrain de Victor Hugo :

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.


La base est le rythme de l’alexandrin 6/6, mais on voit au vers 2 qu’au 6/6 se superpose un rythme 4/8 lié au très fort rejet de Je partirai. Le rythme de base est modulé pour les quatre vers par la répartition des accents syntaxiques, ce qui donne :

2/2/2 // 3/3 4/2 // 2/4 2/4/ // 2/4 3/3 // 3/3.

Il y a une grande variété des premiers hémistiches de vers (4 formes différentes), alors que les seconds hémistiches sont associés deux à deux en une structure embrassée qui fait contrepoint à la structure croisée des rimes. On notera le parallélisme des deux hémistiches du vers 3, où l’anaphore J'irai reprend phoniquement une partie du rejet Je part IRAI, et l’entrecroisement des je et des tu au vers 2. Sur le plan phonique, on peut, sans approfondir davantage, noter comment certains phénomènes de rythme sont accompagnés dans la progression du vers 1 : [d / d l b / al // blà / la à a]. On voit que les phonèmes repris sont principalement ceux qui sont en première syllabe de groupe syntaxique, comme pour souligner l’attaque, et donc la volonté tendue qui marque ce début de poème.

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