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récit/roman récit de pensée réclame redondance référent refrain

récit/roman. De nombreux écrivains et critiques ont repris la distinction récit/roman proposée par André Gide dans les années 1920. Alors que le roman tend à rendre compte du monde dans sa complexité et saisit l’occasion d’une ligne narrative pour déployer la réalité sous les yeux du lecteur, le récit présente les événements pour eux-mêmes, excluant autant que possible l’interférence de toute ambition non narrative. L’opposition est donc plus esthétique que vraiment générique : il s’agit bien dans les deux cas de narration fictionnelle, mais le récit oppose un souci constant de sobriété au foisonnement du romanesque. De fait, le récit est souvent bref, linéaire, à la première personne. On pourra opposer, sur cette base, Isabelle (1912) et Les Faux-monnayeurs (1925) de Gide, Alexis (1929) et L'Œuvre au noir (1968) de Marguerite Yourcenar.

récit de pensée. On regroupe sous cette étiquette toutes les remarques qui, dans un texte narratif, portent sur la vie intérieure du personnage, présentent ses sentiments, ses impressions... (Toutefois, la peur ne venait chez lui qu'en seconde ligne. Il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles, Stendhal, La Chartreuse de Parme). Le récit de pensée permet donc, avec le discours intérieur (qui présente les pensées verbales du personnage) de rendre compte de la vie intime d’une conscience. On emploie parfois aussi, avec le même sens, « psychorécit », qui traduit l’anglais psycho-narration (D. Cohn).


réclame. En codicologie médiévale, la réclame est l’indication, au bas de la dernière page d’un cahier, du ou des premiers mots du cahier suivant. Elle est destinée à faciliter le travail du relieur et à réduire les risques d’erreur lors de l’assemblage des cahiers.

redondance. Surabondance de mots, de figures, d’ornements dans le style, allant jusqu’à l’excès, comme dans cette invocation à la neige par Bussières (Les Descriptions poétiques, 1649), qui multiplie les images diverses : Douce laine du ciel, belle fleur des nuées, Beau lis, qui de l’hiver méprises les gelées, Neige qui te nourris au milieu des deux airs, Epanche tes trésors sur ces tristes déserts ;

référent. Etre animé (personne ou animal), ou chose (abstraite ou concrète), désigné par un signe linguistique quand il est employé dans un énoncé. Le référent s’oppose donc au signifié qui est un pur contenu notionnel, une virtualité. Hors énoncé, « pin » n’a pas de référent, mais seulement un signifié qui le rend apte à référer à tous les êtres du monde réel correspondant à sa définition (« arbre résineux... ») ; en revanche, quand V. Segalen écrit : Ce pin qui m'observe et reste droit... (Stèles, 1912), le mot « pin » a un référent précis, il renvoie à un objet du monde réel. Seuls les noms propres n’ont pas de signifié, mais réfèrent immédiatement : « Victor Segalen » n’a pas de « définition », de signifié stable qui ferait qu’on appelle « Victor Segalen » toutes les personnes correspondant à ce signifié virtuel (plusieurs personnes nommées « Victor Segalen » pourraient n’avoir aucun point commun). Même en dehors de tout énoncé, et hors cas d’homonymie, « Victor Segalen » a bien pour référent l’auteur de Stèles.

refrain. Terme générique qui désigne un phénomène de répétition, partielle ou complète, de syntagme ou de vers à la fin de chaque strophe ou de chaque couplet. L’art consiste à faire varier le sens du refrain selon le nouveau contexte dans lequel il est inséré.

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