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PROUST Marcel 1871-1922

PROUST Marcel 1871-1922
1. Vie. - L’univers de Proust : 2. « Une planète où lui seul... ». 3. « Sur une gouttelette ». - 4. L’écrivain. Romancier, né à Paris.
Vie Ses parents, riches bourgeois, l’élèvent avec une tendresse et une sollicitude vigilantes, car, à l’âge de neuf ans, l’enfant a été pris d’une crise de suffocation dont il a failli mourir. L’asthme ? ou plutôt une allergie presque généralisée (aux bruits, aux odeurs, au moindre souffle, au soleil...) qui ne fera que s’aiguiser avec les années; il devra bientôt se résigner par exemple à ne voir ses chers pommiers en fleur que depuis la vitre d’une voiture fermée. Mais sa mère et sa grand-mère s’ingénient à faire de sa vie une suite sans fin de délices. Il passe ses vacances près de Chartres, à Illiers (Combray, dans son livre), chez un de ses oncles ; ou, pour raisons de santé, sur la plage de Cabourg (qui deviendra Balbec). Il y connaît une petite bande : des jeunes filles, principalement. Au lycée Condorcet, il « cultive » (comme il dit), au sens fort du mot, l’histoire et, plus encore, l’histoire naturelle. (Les critiques plus tard le traiteront d’entomologiste ou d’empailleur.) Il a dix-huit ans quand paraît le premier livre de Bergson, sa thèse sur les Données immédiates de la conscience ; et dès lors ces théories ne vont cesser de le passionner - mieux : de le fasciner - (en particulier, Matière et mémoire ; plus encore le thème bergsonien de la « durée », indéfiniment extensible au gré de la conscience du sujet, qu’il oppose au « temps » invariable). Dès cette époque Proust a choisi le métier d’écrivain, et fondé en 1892 avec quelques amis une revue : Le Banquet.
Mais, ces jeunes gens (Robert de Fiers, Daniel Halévy, Henri Barbusse...) suspectent fort un confrère si introduit dans les salons mondains ; jusqu’à la veille de sa mort, au surplus, chacun le tient pour un « amateur ». De brèves études et des contes sont réunis en 1896 dans un livre luxueusement illustré, Les Plaisirs et les jours. Puis il fait paraître dans le Mercure des traductions - les premières en France - de l’esthéticien anglais Ruskin ; il a d’ailleurs été aidé dans ce travail par sa mère. Enfin, il écrit, sans songer à la faire paraître, une première tentative de roman autobiographique, Jean Santeuil (qui ne paraîtra que trente ans après sa mort). En 1903, il va perdre son père. Et, peu après, en 1905, sa mère qu’il avait violemment, jalousement aimée ; cet amour, essentiellement filial sans aucun doute, est pourtant le seul qu’il n’ait pas traité de vue de l’esprit, de mirage selon sa propre expression, le seul qui n’ait jamais donné lieu chez lui à aucune réserve, à aucune déception. S’il s’agit au contraire de l’amour proprement dit : J'appelle ici amour une torture réciproque (La Prisonnière) ; ou encore : L’être aimé est successivement le mal, et le remède qui suspend et aggrave le mal (Sodome et Gomorrhe). De plus en plus, il va vivre en reclus volontaire dans sa chambre, qu’il fait recouvrir de liège. (On songe au duc de Saint-Simon après la mort de sa femme, s’enfermant dans ses quatre murs tapissés de crêpe gris ; le duc, d’ailleurs, est son modèle tant pour le style que pour l’attitude devant la vie : le nez contre le mur, rêvant au passé.) Il se décide à chercher, en 1911, un éditeur. Il ne s’entend guère à ce genre d’activité : seul, Du côté de chez Swann, premier élément de l’ensemble romanesque qu’il va nommer plus tard À la recherche du temps perdu (refusé d’abord par les Éditions de la NRF) est publié l’année suivante à compte d’auteur chez Grasset, Proust est déçu par l’accueil du public et de la critique. Du moins, la NRF lui fait-elle désormais des offres ; elle publie les autres parties de l’ouvrage : À l’ombre des jeunes filles en fleurs (qui obtient le prix Goncourt en 1919), Le Côté de Guermantes (1920), Sodome et Gomorrhe (1922) et, après la mort de l’auteur, La Prisonnière (1924), Albertine disparue (1926), Le Temps retrouvé (1928).